Jour 1, vendredi soir :
Et de 3 pour le Bridge to Hell, le désormais incontournable festival de musique metal de Crest et du Val de Drôme !
On dit souvent que la troisième année d’un événement est celle de la maturité, après une première édition tout feu tout flamme et une deuxième qui stabilise les bases.
Toujours organisé aux Moulinages, à l’espace Soubeyrand de Crest, le festival reprend la plupart de ses acquis : scène principale dans la grande salle des Moulinages, grand parking à proximité, camping pour les festivaliers, et programmation sur 2 jours avec 4 groupes par soir.
La grande nouveauté de cette édition, c’est le tremplin du samedi. Le principe : permettre à trois groupes locaux de jouer le samedi après midi sur le festival, puis faire voter le public afin de désigner un gagnant qui aura l’honneur d’ouvrir l’édition 2024 du Bridge to Hell !
Mais nous y reviendrons un peu plus loin.
En plus de cette nouveauté, on note beaucoup de petites évolutions et améliorations, au premier rang desquelles la disposition de la scène dans la salle principale.
En effet, lors des précédents éditions, la salle avait été judicieusement coupée en deux dans le sens de la largeur afin de bien séparer l’espace scénique et l’espace détente (buvette, merch, etc).
Exit cette configuration, donc, et place à une configuration plus classique avec la scène au fond de la salle. Le gros avantage de cette disposition c’est qu’elle permet d’augmenter sensiblement la jauge.
La séparation de salle reste cependant de mise, et permet de regrouper tous les stands de merchandising des groupes au même endroit.
Dans cette première partie de salle, on trouve, en plus du grand stand de merchandising, donc, un luthier, un tatoueur, un vendeur de t-shirts et, autre nouveauté bienvenue, un stand de l’association La Boite en Metal sur lequel on peut se renseigner sur l’association ou le festival et acheter des goodies (t-shirts, décapsuleurs, mugs, etc).
Juste après se trouve l’accès au patio, toujours aménagé de bancs, tables et chaises pour pouvoir se reposer quand le besoin s’en fait sentir. On trouve également de quoi se restaurer agréablement avec deux stands de nourriture.
Enfin, l’incontournable buvette, toujours bien achalandée en bière locale par la brasserie de la Pleine Lune de Chabeuil, se trouve cette année sur le côté de la salle, de sorte que clients et bénévoles peuvent assister aux concerts depuis le bar.
Quant à la scène, là encore de gros efforts ont été apporté pour la rendre plus grande, mieux décorée et mieux éclairée. Le lightshow sera d’ailleurs une des flagrantes améliorations tout au long du week end, avec des effets de lumière très réussis.
Mais n’anticipons pas, car pour l’heure il est 19h00, les portes ouvrent et les premiers festivaliers commencent à entrer dans une ambiance bon enfant et décontractée.
Comme souvent, certains font preuve d’une belle créativité en ce qui concerne leurs tenues !…
Les premiers retours sur l’agencement du site, la décoration et la programmation sont très bons.
A noter que des efforts ont été consentis par l’équipe de La Boite en Metal pour mieux baliser le site, comme le démontre ce panneau parfaitement clair et fort utile !
Et si on notera d’ailleurs une bonne proportion de fidèles du festival qui viennent depuis la première édition il y a déjà 3 ans, preuve que le Bridge to Hell fédère autour de lui, on remarquera également beaucoup de nouvelles personnes, dont une proportion conséquente a moins de 30 ans.
Très important de constater que le festival continue d’attirer un nouveau public, et notamment des jeunes.
Parmi les habitués, on retrouve avec plaisir les copains Audrey et Axel, toujours motivés et avenants !
Ce premier soir, ce sont environ 350 personnes qui auront fait le déplacement, un score légèrement en deçà des attentes mais tout à fait honorable compte-tenu de la concurrence du premier match de la coupe du monde de rugby France-All Blacks qui a lieu pile en même temps !
C’est à Faith in Agony que revient la lourde tache de lancer les hostilités pour cette première soirée 100% consacrée à des groupes de metal avec une chanteuse.
Le combo Grenoblois prend vite ses marques et son rock/metal alternatif et ambiancé, tantôt heavy, tantôt groovy, souvent mâtiné de relents rock 70’s, résonne dans les enceintes.
Même si on en peut pas à proprement parler de metal, la musique du groupe séduit peu à peu l’audience, notamment grâce à la prestation scénique et vocale de sa vocaliste Madie (chant) qui sait moduler sa voix pour se faire tantôt cajoleuse, tantôt rageuse, mais toujours énergique.
On apprécie également l’attitude scénique d’Eva Riché (basse), sautillante et très souriante, à la bonne humeur très communicative !
Une très belle découverte, et une parfaite entrée en matière pour cette première soirée.
A revoir rapidement !
Place ensuite à Dust in Mind, initialement prévu un peu plus tard mais reprogrammé en deuxième position.
Le groupe Strasbourgeois vient en effet d’essuyer une tempête avec le départ de sa vocaliste et co-fondatrice quelques semaines seulement avant le festival. Un coup dur, mais Dust in Mind a de la ressource et a recruté la chanteuse Maëllie-Jenny Dewailly, et le tout premier concert du groupe dans sa nouvelle configuration c’est ce soir ! Un petit événement dans l’événement !
C’est donc vers 21h15 que le groupe monte sur les planches, et s’il y a probablement un peu d’appréhension pour ses membre, ceux-ci n’en laissent rien paraître.
Le groupe a de nombreuses années d’expérience, et son groove metal moderne ultra efficace fait monter la pression au sein d’un public de plus en plus réactif (on notera d’ailleurs l’apparition des premiers pogos de la soirée).
Maëllie-Jenny Dewailly assure ses parties de chant avec application (la chanteuse gagnera en assurance au fur et à mesure du concert), alors que Damien « Dam » Dausch, guitariste et deuxième chanteur du groupe, seconde sa fontwoman avec énergie, s’époumonant dans son micro (« Mes amis !! »), haranguant le public et prenant le show à son compte.
Dust in Mind quitte la scène après une petite heure de concert et peut être fier de sa prestation. Bravo au groupe et à ses membres pour son professionnalisme et sa résilience.
C’est vers 22h30 qu’Akiavel foule à son tour les planches du Bridge to Hell.
Dire que le groupe est attendu relève du doux euphémisme.
Relativement jeune (formé dans le sud de la France en 2018), Akiavel a cependant rapidement su se faire un nom, notamment grâce à des performances scéniques remarquées sur beaucoup de festivals, dont le prestigieux Hellfest cette année.
Musicalement, le combo durcit franchement le ton avec son death metal ravageur hurlé par la vocaliste Auré, dont la voix est phénoménale et dont le chant n’est pas sans rappeler une certaine Angela Gossow (pionnière du chant saturé féminin au sein d’Arch Enemy). Mais au delà de ses performances vocales, la chanteuse se révèle également une grande frontwoman, attirant à elle toute la lumière avec ses mimiques de possédée et ses gimmicks remarqués.
Le quatuor est carré, ultra efficace et ne compte pas ses efforts pour dynamiser l’audience qui s’embrase littéralement dans des pogos parmi les plus rugueux qu’on ait vus dans le festival depuis sa création !
Akiavel était attendu, et Akiavel a été largement à la hauteur des attentes placées en lui.
Un très grand groupe en pleine ascension.
Incontestablement le moment fort de cette première soirée, et le coup de cœur du festival.
A revoir très, très vite !
La tête d’affiche de la soirée se prépare à prendre d’assaut la scène aux environs de minuit.
La venue des moldaves d’Infected Rain est remarquable car c’est le premier groupe international à jouer au Bridge to Hell, et que son concert du soir constitue une des seules dates en France de sa tournée européenne.
Le groupe est déjà très expérimenté (5 albums à son actif depuis sa création en 2008) mais est encore en pleine ascension, notamment grâce à sa très charismatique chanteuse Lena Scissorhands.
Dès l’entrée en scène, le metal moderne, agressif mais groovy d’Infected Rain prend le public à la gorge et ne le lâche plus de tout le set.
Le combo semble fortement influencé par Korn, que ce soit au niveau de la musique, dans le look des musiciens et l’attitude scénique.
Alternant judicieusement passages agressifs avec accalmies, Infected Rain séduit le public qui répond présent pendant tout le set, déclenchant là encore de nombreux pogos.
Une belle performance pour Infected Rain qui a totalement assumé son statut de tête d’affiche.
La soirée prend fin tranquillement autour d’un dernier verre, et chacun rentre se reposer un peu pour être en forme pour la journée de demain qui s’annonce mémorable.
Jour 2, samedi :
Contrairement aux deux précédents éditions, le samedi après midi est animé puisque l’association « La Boite en Metal », qui organise le festival, a eu l’idée de proposer un tremplin.
Pour ceux qui ne sont pas familiers avec ce concept, il s’agit de donner à plusieurs groupes (3 ici) la possibilité de jouer pendant une grosse demi-heure devant le public présent.
A l’issue des trois concerts, le public vote pour le gagnant du tremplin qui se verra l’honneur d’ouvrir l’édition 2024 du Bridge to Hell !
Disons le d’emblée, l’idée est excellente car elle permet à la fois de proposer une animation aux festivaliers présents (ainsi qu’aux curieux, puisque les concerts du tremplin sont gratuits), et à la fois de donner un peu d’exposition à des groupes locaux.
De nombreux festivaliers ont en tous cas salué l’idée et la tenue de cet événement.
Pour ce tout premier tremplin, ce sont Bengal (rock psychédélique, Bollène), Jester Soul (heavy blues, Toulon) et Anemia (deathcore, Valence) qui vont se succéder sur scène tout au long de l’après midi.
Disons le tout de suite, les trois groupes ont fait preuve d’un grand professionnalisme et ont fait montre de très belles qualités musicales et artistiques.
Le public a répondu présent et la salle s’est remplie au fil de l’après midi pour dépasser les 100 personnes.
Bengal lance donc les hostilités, et le rock dur et psychédélique inspiré par Faith no more fait son petit effet auprès d’un public encore épars mais réceptif.
Mais l’énergie communicative des musiciens costumés emporte peu à peu l’adhésion des spectateurs.
Puis ce sera au tour de Jester Soul de monter sur les planches pour transformer la salle en bar du sud des USA avec son rock stoner grassouillet qui remporte aussi l’adhésion d’un public de plus en plus nombreux.
L’énergie dégagée par le combo est communicative, tout comme l’enthousiasme de la chanteuse Anne qui ne s’économise pas pour faire bouger les spectateurs !
Enfin, Anemia prend possession de la scène vers 17h00 et propulse son deathcore sombre avec rage.
Malgré la complexité des compositions, le public rentre vite dans l’ambiance et on voit même quelques pogos se déclencher spontanément devant la scène.
Au moment des votes du public, le verdict tombe et c’est Anemia qui remporte le tremplin. Le groupe aura donc le privilège de jouer sur la scène principale l’année prochaine.
Ces trois groupes sont de grande qualité, et on vous invite chaudement à aller les écouter, les voir en concert et les soutenir, ils le méritent largement :
Bravo aux musiciens et à leurs équipes pour leur participation à ce premier tremplin et pour leur énergie ! Vous avez été parfaits !!
Après cette très agréable mise en bouche, retour dans la salle principale, où le nouveau decorum fait toujours son petit effet.
Premier constat, le public est plus nombreux que la veille. On comptera en effet près de 500 personnes, une fréquentation là encore légèrement en deçà des attentes mais tout à fait honorable.
On remarque d’ailleurs immédiatement des personnes vêtues de noir et de vert, portant parfois de petites lunettes rondes et/ou de petits chapeaux melon. Aucun doute possible, les fans de Shaârghot sont dans la place !
Mais n’anticipons pas. Pour l’heure, c’est Bakü qui monte sur la scène aux environs de 20h00.
Enfin, l’expressions « monter sur scène » est inexacte en ce qui concerne Bakü, puisque le groupe au grand complet joue dans la fosse !
Cette configuration originale, au cœur du public, permet à l’énergie noire dégagée par Bakü d’infuser dans le public qui rentre vite en transe avec les musiciens.
Le post-metal sombre et rampant du groupe Valentinois aura marqué les esprits, et c’est sous une véritable ovation que Bakü prend congé.
Nous reparlerons prochainement de ce groupe prometteur sur Kaosguards.
La découverte du festival !
Comme la veille, le changement de plateau effectué de manière très efficace par des bénévoles remarquables (une constante du festival) est ambiancé par un DJ qui enchaine morceaux classiques et titres moins connus dans le patio. Toujours une bonne idée qui permet de se rafraichir à la buvette en musique.
Place ensuite à Bukowski, qui l’air de rien commence à faire figure de vétéran de la scène puisque formé en 2007. Le groupe place la résilience au cœur de son identité depuis le décès tragique de Julien Dottel, bassiste et co-fondateur du groupe aux côtés de son frère Mathieu.
Une vraie leçon de courage de la part d’un groupe Vrai, dans le sens noble du terme.
Pour l’heure, c’est à une vraie leçon de rock dur que nous avons droit, et l’expérience de Bukowski parle pour lui.
Le groupe ne s’économise pas et chauffe un public réceptif qui bouge de plus en plus.
« Buko » prend congé de l’audience après une petite heure de concert intense et très rock sous des applaudissements nourris largement mérités.
Pour un peu, Shaârghot ferait presque office de local de l’étape, lui qui est déjà venu au Bridge to Hell et au HellCrest ! Mais c’est bien connu, quand on aime on ne compte pas, alors revoilà le combo parisien dans notre bonne vieille cité Crestoise pour un concert qui promet d’être événementiel.
En effet, le combo avait laissé entendre quelques surprises pour son set du soir.
On note d’ailleurs que de nombreux festivaliers arborent les couleurs du groupe, preuve supplémentaire de son irrésistible ascension.
C’est vers 22h30 que les désormais cinq musiciens montent sur scène et entament leur concert pied au plancher. Le metal industriel de Shaârghot est toujours aussi visuel, et l’ambiance proposée par le groupe prend aux tripes. Plus qu’un concert, c’est un vrai spectacle que propose Shaârghot.
Les nombreux effets visuels très réussi (laser et lance-flammes (!) sur la guitare de Bruno, lightshow hyper étudié, etc) contribuent grandement à la performance du groupe, et le renfort de Paul Prevel (guitare, percussions, échantillonneur) sur scène apporte un plus indéniable.
Le groupe dans son ensemble livre une prestation ultra carrée, mais saluons ici le Shaârghot Étienne Bianchi (chant), intenable dans son rôle de fontman possédé qui électrise le public.
Après une heure de concert intense, les musiciens se préparent à quitter la scène au son d’une outro inquiétante et en serrant chaleureusement les mains des nombreux spectateurs venus à leur rencontre.
Un très bon moment, comme toujours.
Pendant que Dagoba se prépare à clôturer le festival en beauté, les deux co-présidents de l’association montent sur scène pour l’annonce des résultats de la tombola organisée ce soir. Quatre heureux gagnants repartent avec des lots allant d’un t-shirt ou d’un pass 2 jours pour le Bridge to Hell 2024 à un bidon dédicacé par Shaârghot ou encore une magnifique guitare électrique !
Tête d’affiche de la soirée, et du festival, Dagoba prend possession des lieux sous des applaudissements nourris.
Impensable il y a encore quelques années de voir jouer à Crest un groupe de metal de cet ampleur, ce qui nous permet, une fois encore, de souligner l’excellent travail accompli par l’association « La Boite en Metal » ainsi que par ses bénévoles.
Pour l’heure, il est temps de reprendre une bonne dose de décibels grâce à l’un des fers de lance du metal hexagonal.
Parfaitement rôdé à la scène du fait de ses plus de 25 ans d’existence, le combo Marseillais, toujours mené par un Shawter (chant) survolté, propulse son groove metal aux relents death avec conviction. Son énergie à tôt fait d’entrainer les spectateurs qui pogotent vigoureusement.
Le son du combo marseillais est colossal, notamment au niveau de la batterie du cyborg Théo, dont le jeu phénoménal marque les esprits (il n’en fallait pas moins pour remplacer la légende Franky Costanza).
Les musiciens sont déchainés et haranguent la foule qui répond avec enthousiasme, et par deux fois Dagoba déclenche les plus gros walls of death du festival !
Le groupe, visiblement heureux, quitte la scène dans un tonnerre d’applaudissements bien mérité aux environs d’une heure du matin.
L’équipe de la Boite en Métal monte alors sur scène pour remercier le public, les bénévoles, les techniciens et les groupes présents tout au long du week end et reçoit une longue ovation méritée.
Les spectateurs prennent leur temps avant de quitter les lieux, chacun échangeant avec passion autour d’un verre ou congratulant les musiciens présents aux stands de merchandising.
Quel week-end !
C’est dans cette ambiance chaleureuse et bon esprit (comme toujours, aucun incident n’aura été à déplorer) que s’achève cette troisième édition du Bridge to Hell.
Et à l’heure des remerciements, comment ne pas saluer le professionnalisme des techniciens qui ont assuré une édition sans aucun problème, et en particulier des changements de plateaux d’une rapidité digne des plus grands ?
De manière générale, le professionnalisme de l’organisation force une nouvelle fois le respect.
Car au delà des techniciens, les bénévoles, véritable cheville ouvrière de l’événement, n’ont une nouvelle fois compté ni leur temps ni leurs efforts pour proposer un festival d’une qualité professionnelle irréprochable. Merci à eux pour leur dévouement, leur efficacité et leur enthousiasme.
Merci également à la ville de Crest pour son soutien, ainsi qu’aux partenaires et mécènes, toujours plus nombreux, qui rendent cet événement possible.
Et enfin, merci aux groupes présents pour leur musique, mais aussi pour leur disponibilité aux stands de merchandising. Toujours agréable de rencontrer les musiciens, d’échanger quelques mots avec eux et de faire une photo souvenir.
Last but not least, un immense bravo à l’équipe de La Boite en Metal pour ce festival !
Rendez-vous est donc pris pour la quatrième édition du Bridge to Hell qui aura lieu en 2024, et pour laquelle La Boite en Metal nous promet de grosses surprises.
Notamment une, prévue pour le printemps 2024, dont nous reparlerons…..
Une chose est sûre : nous y serons !
Vega
(l’équipe de Kaosguards sur le pont !)
Crédits photos : Vyking (+ Vé et Vega pour les compléments)