D’une manière ou d’une autre, le guitariste américain Jack Starr aurait dû obtenir une plus grande reconnaissance. Membre fondateur de VIRGIN STEELE, il eut le temps d’enregistrer les premier (sans titre, 1982) et second albums (« Guardians Of The Flame », 1983) avant de quitter ou de se faire évincer. Loin de demeurer paralysé, il publie dès 1984 son premier album solo, « Out Of The Darkness ». S’il s’était avéré être un album instrumental démonstratif, nul doute que Jack Starr aurait pu faire son nid au sein de la vague qui débutait et qui vit s’épanouir des solistes comme Yngwie Malmsteen et Steve Vai, bientôt suivis par une jeune garde affûtée (Vinnie Moore, Tony MacAlpine, Ritchie Kotzen, Marty Friedman, Jason Becker…).
Jack Starr fit le choix honorable de ne pas placer son premier album solo sous le signe de la démonstration technique aride et de s’inscrire pleinement dans le registre du Heavy Metal classique. Pour se faire, il embaucha rien moins que Rhett Forrester (ex-RIOT) au chant, Carl Canedy (batterie, THE RODS) et Gary Bordonaro (basse, THE RODS). Avec à la clé « Out Of The Darkness », excellent album de Heavy Metal carré, comportant suffisamment de mélodies pour charmer les fans de Hard Rock mélodique. Qualitativement irréprochable, la suite de la carrière discographique fut cependant étonnante puisqu’à peine « Out Of The Darkness » sorti, Jack Starr lança le groupe BURNING STARR (à titre d’exemples cliquez ici et là), avec d’autres musiciens, tout en poursuivant en parallèle et de manière passablement erratique des publications instrumentales en solo.
En 2025, Jack Starr renoue avec sa carrière solo, mais en configuration de groupe (ne me demandez pas pourquoi ?!), afin de donner une suite à « Out Of The Darkness ». Si on laisse de côté les questions de noms et de contrats, on retrouve avec bonheur ce Heavy Metal rutilant, rehaussé par des mélodies, voire quelques rythmiques proches du Hard mélodique. Le seul maître à bord brille comme jamais, avec son jeu certes technique, mais toujours mélodique (l’école Ritchie Blackmore en somme) ; même que celles et ceux qui ne pratiquent pas la guitare, il y a une telle musicalité dans ses interventions que l’on ne peut y résister. Qui plus est, ces interventions se montrent au service des compositions, qui sont elles-mêmes concises (entre trois et six minutes), seul le titre « Into The Pit » et ses sept minutes offrant un format épique de bon aloi.
Outre la qualité du jeu du guitariste et la solidité des douze compositions (dont deux bonus), force est de saluer la qualité du recrutement, le personnel qui accompagne le maestro s’avérant idéal. On salue en premier lieu la performance impeccable du chanteur Giles Lavery (WARLORD, DRAGONSCLAW, ALCATRAZZ), dont le registre médium, légèrement éraillé, peut monter dans des aigus efficaces ; bref, un Lavery investi, loin d’être en mode automatique. La section rythmique (qui comporte le batteur Rhino, ex-MANOWAR, excusez du peu !) sait montrer ses muscles, tout en faisant acte de subtilité quand c’est nécessaire.
A titre personnel, je craque toujours devant un tel mélange de muscle, de mélodie, d’efficacité pure et de sensibilité assumée. Par moments, on conseillerait au groupe de se faire encore plus subtil, le refrain viril de « Rise Up » s’avérant archi-entendu et peu inventif. Très classique, la ballade « Underneath The Velvet Sky » illustre à merveille l’accessibilité de ce répertoire finalement assez œcuménique. Par ailleurs, on apprécie les touches épiques, notamment dans ces notes orientalisantes sur « Sahara Winds ».
Maintenant, une question se pose : Jack Starr va-t-il continuer à enrichir sa discographie sous sa propre bannière ou sous celle de BURNING STARR, sachant que les registres s’avèrent assez proches ? En ce qui me concerne, tant que la qualité sera au rendez-vous, le guitariste peut bien hisser n’importe quel pavillon, je répondrai présent. De même, les amateurs de VIRGIN STEELE (en moins baroque), MANOWAR, de RAINBOW et d’IMPELLITTERI, vous êtes requis !
Alain Lavanne
Date de sortie: 28/04/2025
Label: BraveWords records
Style: Heavy Métal
Note: 18/20
Ecoutez ici