Il y a certainement un humour suisse qui m’échappe totalement. Notamment celui qui consiste à intituler « Silence » un objet aussi brutal, lourd, agressif que ce sixième album des Suisses de RORCAL. Fondé à Genève en 2006, ce quintette a de surcroît commis de nombreux EP, aux durées fort conséquentes, avec encore et toujours une envie farouche de fouailler autant les pulsions les plus tourmentées de la psyché humaine, que de plonger à deux mains dans des viscères putrides.
D’où un cocktail détonnant de Doom, de Black, de Death, de Rock bruitiste, d’Industriel cauchemardesque, de Dark Ambient. Si l’on souhaite se limiter à un référentiel strictement helvétique (ce qui n’est certes pas l’intention du groupe), nous pourrions invoquer les mânes de HELLHAMMER (la crasse primitive), CELTIC FROST, THE YOUNG GODS, CORONER, CALHOUN CONQUER, ALBOTH, APPOLYON SUN, BORGNE, SADNESS… Soit une belle congrégation de tortionnaires du son.

Que l’on retrouve intact, plus que jamais vivace, au fil des huit pistes de ce bruyant et furieux « Silence ». Que ce soit sur des compositions concises ou sur des morceaux nettement plus conséquents (« Extinguised Innocence » s’approche des huit minutes et « No Alleviation, Even In Death » manque de très peu les 9’30), le groupe pratique ce qui pourrait s’apparenter à un Black Death- frénétique, techniquement suffisamment au point pour assumer de nombreux changements de rythmes, de tempos (au profit de plages Doom écrasantes), voire d’ambiances (plus industrielles, plus Ambient). Quelle que soit l’ambiance qu’il cherche à mettre en place, le groupe fait preuve d’une efficacité et d’une mise en place impitoyables, que ce soit du point de vue de l’interprétation : brutalement millimétrée et versatile sur le plan instrumental, impitoyablement agressive et modulée pour le versant vocal.

Outre les talents de composition et d’exécution, le répertoire proposé sur « Silence » se trouve parfaitement servi par une production brute, prise sur le vif, parfaitement et fort précisément rehaussée par un mixage qui, tout en privilégiant une asphyxiante agression – via une saturation du spectre sonore – parvient à incruster des motifs primitivement mélodiques, ainsi qu’une certaine profondeur de champ sur le plan rythmique. En somme, on n’assiste pas à un pur exercice bourrin, mais bien à une démonstration puissante de sauvagerie, dissonante, haineuse, in extremis canalisée. Impressionnant…

Alain Lavanne

Date de sortie: 29/09/2023

Label: Hummus records

Style: Post Black Métal

Note: 18/20

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Kaosguards boss

Un passionné de metal complètement fou qui joue des coudes à tous les concerts.