Il est environ 18h30 lorsque nous rallions la jolie ville de Nîmes baignée par le soleil estival du Sud. La chaleur est là, mais pas étouffante (contrairement aux jours suivants où la canicule va frapper de nouveau), une petite brise souffle, bref des conditions idéales pour un concert.

Il est pour l’heure temps de se restaurer avant la soirée, et c’est dans un restaurant proposant des burgers que nous jetons notre dévolu.

Comment faire autrement quand on voit les noms des sandwichs sur la carte !

Même le grand Lemmy, peint sur le mur, veille sur notre repas !

Hop, un « Highway to Hell » commandé et dégusté : absolument délicieux !

Merci au restaurant Burger’n’co pour son accueil et pour ce début de soirée savoureux !

Une adresse à recommander.

Après cette mise en bouche, nous rallions les Arènes de Nîmes, lieu magnifique chargé d’histoire et très bien conservé. La foule est là, calme mais enthousiaste.

Nightwish a encore franchi un pallier en terme de notoriété ces dernières années, et ce sont plus de 5000 personnes qui ont fait le déplacement malgré les reports successifs du concert à cause de cette saleté de Covid.

Il convient ici de saluer le professionnalisme de l’organisation, tant au niveau des entrées, de la sécurité sur site ou de la buvette : tout est parfaitement géré par des équipes très accueillantes et à l’écoute. Remarquable.

C’est à Dragonforce que revient la tâche d’ouvrir la soirée.

Le groupe anglais d’extreme power metal (ainsi qu’ils se définissent) a une scène à son image : fun !

Deux énormes bornes d’arcade diffusant des images de jeux retros encadrent une plateforme abritant la batterie custom de Gee Anzalone.

C’est en montant sur ces bornes d’arcade qu’Herman Li et Sam Totman, la paire de guitaristes virtuoses du groupe, prennent possession de la scène à 20h00 tapantes.

Le groupe propulse alors son speed metal avec une bonne humeur contagieuse qui gagne peu à peu le public.

Après quelques morceaux, l’épique « Valley of the damned », parfaitement exécuté et rehaussé de soli exceptionnels dont le groupe a le secret, déclenche même des applaudissements nourris.

S’en suit une intervention d’Herman Li (dans un français impeccable!) qui présente le prochain titre : une reprise speedée de « My heart will go on » de Céline Dion (oui, oui, le thème de Titanic!).

Totalement délirant et décomplexé, mais totalement assumé et donc indispensable !

C’est déjà l’heure du dernier morceau, qui ne peut être que « Through the fire and flame », LE tube du groupe qui a écoeuré une génération de joueurs de Guitar Hero !

Voilà une heure de concert qui est passée bien vite. Mission accomplie pour Dragonforce !

Un entracte d’une demi heure, le temps de boire un coup, et c’est au tour de la tête d’affiche de la soirée de monter sur scène à 21h30.

D’emblée la pression monte d’un cran, l’immense majorité du public ayant clairement fait le déplacement pour Nightwish, comme en témoignent les très nombreux t-shirts du groupe portés par les fans.

C’est donc au son d’un extrait de « Music », tiré du dernier (et excellent) album album Human ://: Nature que les musiciens montent sur scène, avant d’attaquer pied au plancher avec « Noise », « Planet Hell » et « Tribal », trois titres très typés metal. Floor Jansen est, comme toujours, très en voix et impulse une dynamique incroyable aux chansons.

Mais Nightwish est aussi un groupe capable de fulgurances mélodiques incomparables, comme le prouvent les trois chansons suivantes : « Elan », premier single de l’album « Endless forms most beautiful », l’exceptionnel « Storytime », terriblement entrainant, et « How’s the heart », lui aussi imparable.

« Dark chest of wonders » rappelle au public l’époque de Tarja Turunen (première vocaliste du combo, de 1996 à 2005), tandis que « I want my tears back », avec ses forts relents folkloriques, fait danser le public à l’unisson d’une Floor décidément intenable.

Troy Donockley (guitare, chant, flutes, cornemuse) introduit ensuite dans un français approximatif mais avec malice une « vieille chanson écrite dans un sous marin » ! C’est bien sûr de « Nemo », single de l’album « Once » (plus gros succès de Nightwish à ce jour et dernier opus enregistré par Tarja), dont il s’agit. Le public ne boude pas son plaisir de ré-entendre ce classique, très bien interprété par Floor.

A mesure que le concert avance, la nuit tombe sur les arènes et installe une atmosphère de plus en plus propice à la musique évocatrice de Nightwish.

Sur l’antédiluvien « Sleeping sun » (balade composée par Tuomas pour l’éclipse de soleil de 1999), de nombreux membres du public allument la lampe de leurs portables comme autant de lucioles qui semblent voler dans les gradins. Un moment magique, hors du temps.

Retour dans le présent avec « Shoemaker », extrait du dernier album, sur lequel Floor livre à la fin une prestation lyrique époustouflante, avant d’enchainer avec un « Last ride of the day » assez tonique.

L’heure de jeu est dépassée, et on s’achemine doucement vers la fin du concert.

Mais dès les premières notes de l’exceptionnelle « Ghost love score » (considérée par Tuomas comme l’une de ses meilleures créations), qui a longtemps clôturé les prestations scéniques du groupe, le public entre en transe. Comment ne pas l’être tant cette pièce épique est efficace, avec son long pont ambiancé et son final tellurique lors duquel, une fois de plus, Floor Jansen se révèle impériale.

Le dernier morceau du set est, depuis la sortie de Human://:Nature, l’immense « The greatest show on Earth », qui repousse encore les limites orchestrales du groupe et sur lequel les musiciens se donnent sans compter. La forte résonance écologique de la chanson se fait particulièrement prégnante lors de l’embrasement de la vidéo du fond de scène, dont les teintes de feu sont reprises par toutes les lumières pour un effet saisissant.

Après ce final intense, le groupe, visiblement heureux et complice, vient saluer pendant de longues minutes le public qui lui réserve une ovation bien méritée, avant de prendre congés après que Floor (toujours elle !) ait chanté ses vocalises sur la partie finale de « All the Works of Nature Which Adorn the World » devant ses comparses stoïques. Excellent final.

Alors que dire de plus sur ce concert ?

Au niveau de la setlist, on en voudrait toujours plus, bien sûr, et quelques morceaux joués sur d’autres dates auraient mérité d’être interprétés (« Everdream », que Floor chante admirablement bien, le classique « She’s my sin » ou encore le pastoral « Harvest », extrait du dernier album).

Ce qui ressort également c’est que Nightwish est un groupe immense, au professionnalisme total, mais les départs successifs de Jukka Nevalainen (batterie, remplacé par Kai Hahto en 2014, qui est un très bon batteur mais n’a pas le groove animal de son prédécesseur) et de Marco Hietala en 2021 (le bassiste-chanteur apportait énormément au groupe et son remplaçant, Jukka Koskinen, est bien moins présent que lui) lui ont fait perdre un peu de spontanéité et de « naturel ». C’est bien compréhensible compte-tenu de l’importance de ces deux musiciens et de leurs personnalités, mais c’est vrai que leur présence manque un peu.

Passés ces quelques légers bémols, on retient surtout deux composantes essentielles : premièrement, Tuomas est un compositeur doué et surtout un mélodiste hors pair, un artiste sincère qui évolue en permanence et densifie son œuvre à chacune de ses nouvelles sorties. L’âme de Nightwish c’est lui, et son talent est de plus en plus tangible. Deuxièmement, Floor Jansen est la meilleure chanteuse que Nightwish ait eu. La vocaliste s’affirme toujours un peu plus comme l’une des meilleures chanteuses du circuit, capable de tout chanter avec une aisance, une puissance et une justesse déconcertantes. Mais c’est également une incroyable frontwoman, qui joue avec le public comme avec les musiciens, et sa bonne humeur communicative irradie le public et l’emporte irrésistiblement avec elle.

C’est donc avec des mélodies plein la tête et des sourires sur le visage que le public se disperse tranquillement après ce concert qui aura fait vibrer les murs antiques des Arènes de Nîmes autant que les cœurs des fans.

Un très beau concert.

Vega

Un grand bravo à toutes les équipes des Arènes pour l’organisation irréprochable de cette soirée, et un grand merci à toute l’équipe d’Adam Production, et en particulier à Morgane Palvini pour sa gentillesse et sa disponibilité.

Crédit photos : Vega (sauf photo 19 : Media Piipari pour Nightwish)

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Kaosguards boss

Un passionné de metal complètement fou qui joue des coudes à tous les concerts.