Nous vous avions déjà parlé de ce tout nouveau festival de metal il y a quelques temps sur Kaosguards (pour les retardataires, c’est par ici : clic!).
En ce vendredi 10 Septembre, il est temps pour nous d’aller vérifier si le Bridge to Hell est aussi réussi qu’espéré.
La réponse est très simple : oh que oui !
Voyons cela en détail.
Jour 1, vendredi 10 Septembre :
Après un jeudi gris et pluvieux, la journée de vendredi commence timidement sous un ciel chargé.
Ce qui n’empêche pas toutes les équipes de la Boite en Metal de s’affairer pour préparer la première édition du festival Bridge to Hell de Crest, petite ville de la Drôme située entre Valence et Montélimar.
Ouverture des portes à 18h00, et déjà de nombreux amateurs de metal qui se pressent avec enthousiasme (un peu plus de 200 personnes auront fait le déplacement pour cette première soirée).
Premier aperçu des lieux et premier tour d’horizon.
Les abords de la salle sont calmes et, accueillis avec bienveillance par des agents de sécurité très professionnels, nous rentrons dans la salle des Moulinages, une grande halle capable d’accueillir jusqu’à plus de 2000 personnes selon son agencement, totalement relookée pour l’occasion.
La salle a en effet été coupée en deux dans le sens de la largeur (une première, à notre connaissance), avec dans la première partie le stand de merchandising des groupes, les stands de nourriture et l’indispensable buvette.
Les food trucks présents sur place proposent des menus variés dont beaucoup sont confectionnés à base de produits frais et locaux. Un très bon point, et la possibilité de se restaurer qualitativement pour un prix très abordable.
Même chose pour la buvette qui propose, entre autres, de la (très bonne) bière Crestoise de la brasserie « Les gens sérieux », et qui est tenue par des bénévoles nombreux et très impliqués.
Dans le patio extérieur, des barnums et des tables sont été dressés et mis à disposition des festivaliers.
Partout des bénévoles discrets et efficaces travaillent à accueillir le public, et il convient ici de saluer la qualité de l’organisation irréprochable, une constante pendant ces deux jours.
Le public, qui arrive peu à peu, est hétéroclite : on voit des personnes de tous ages, y compris quelques ados trop heureux de suivre leurs parents au concert, et de tous styles, du plus sobre au plus visuel. On trouve même Axel et Audrey, un couple éminemment sympathique de trentenaires fraichement mariés et qui ont choisi le Bridge to Hell comme lune de miel !
Certains ont fait le déplacement de loin (de Lyon, de Grenoble, d’Annecy, et même de Metz et de Suisse !), d’autres viennent en locaux, mais tous sont motivés et discutent volontiers.
Un public enthousiaste et respectueux, comme toujours dans le metal. Il n’y aura d’ailleurs aucun débordement à signaler durant tout le week end.
Le temps de visiter le stand de merchandising, d’échanger un peu avec les festivaliers et de vider un godet au son du DJ présent toute la soirée pour ambiancer la salle entre les concerts, et c’est le début des hostilités avec « THICK», qui ouvre le bal vers 19h30.
Le metalcore monte en puissance au fil des morceaux qui s’enchainent sans temps mort, et le groupe chauffe la salle avec énergie.
Les musiciens quittent les planches après un set de 45 minutes avec la satisfaction du devoir accompli.
Après un changement de plateau, c’est au tour de FOSS (metal) de prendre possession des lieux. Prendre possession est bien le terme, car le groupe, composé d’un chanteur-guitariste et d’un guitariste (la section rythmique basse/batterie est diffusée sur bandes) a la particularité de jouer au milieu du public, dans la « fosse » !.
Un concept original et qui fonctionne parfaitement bien, notamment grâce à l’incroyable énergie déployée par le duo qui ne s’économise pas en propulsant un death metal ravageur qui lance les premiers pogos de la soirée. Après 45 minutes de show intense, FOSS quitte la salle sous des applaudissements nourris amplement mérités. Le groupe a clairement fait forte impression et ce concert restera un des grands moments du festival.
Vient ensuite BREED MACHINE, qui joue en voisin car originaire de Bourg-Saint-Andéol, et dont le néo deathcore saisit immédiatement le public à la gorge.
Le groupe est très carré et en place, rodé qu’il est par ses nombreuses années d’expérience, et chaque musicien arpente la scène dans tous les sens pour motiver le public, réussissant même à déclencher un circle pit.
Tête d’affiche de cette première soirée, les Nantais de STINKY, qui jouissent déjà d’une solide réputation, investissent la scène avec un peu de retard du à une léger problème technique, heureusement vite résolu.
Qu’importe, leur hardcore mâtiné de metal fait mouche rapidement. Il faut dire que le groupe s’est déjà forgé une solide expérience, ayant donné plus de 250 concerts dans toute l’Europe, dont au Hellfest, ce qui n’est pas rien.
La vocaliste Claire, impeccable, met ses tripes sur la table et son growl puissant emporte l’assistance.
C’est vers 1h00 du matin que se termine cette première soirée, et les festivaliers repartent dans le calme pour prendre un peu de repos avant le deuxième round du lendemain !
Jour 2, samedi 11 Septembre :
A peine le temps de se remettre de ses émotions de la veille que toute la team du festival est à pied d’oeuvre pour préparer cette deuxième et dernière soirée.
Même lieu, même décor, et même ambiance professionnelle et passionnée pour accueillir les festivaliers dès 18h00.
Premier constat, le public est nettement plus nombreux que la veille. On frôlera les 500 personnes, une sacrée performance pour une première édition.
Mais grâce à une organisation irréprochable et à un agencement optimisé de l’espace intérieur, on circule sans peine dans la salle des Moulinages en ce samedi soir à l’ambiance estivale.
Le premier groupe à monter sur les planches ce soir est OURAL, groupe de hardcore originaire d’Alsace, qui attaque vers 19h15.
Le son est bon, bien lourd, et le groupe ne ménage pas ses efforts pour chauffer le public, à l’image d’Arno, le hurleur de la bande, qui n’hésite pas à descendre chanter/grogner/hurler au milieu du public, faisant participer de nombreuses personnes en leur tendant le micro sur le chemin de la buvette où il récupère une bière avant de venir la descendre sur scène ! Fun et efficace !
Après un changement de plateau assez rapide, c’est au tour d’ANNA, que nous avions pu découvrir lors du HellCrest, d’investir la scène aux environs de 20h30.
Les Grenoblois proposent un hardcore moderne et travaillé, et se permet même quelques passages de voix claire rappelant Linkin Park. Matt Campbell, chanteur doué et hautement sympathique, s’adresse souvent au public, l’appelant « la famille », signe de communion entre un groupe sincèrement heureux de se produire sur scène et un public qui se laisse apprivoiser avec un plaisir non feint. Un set de 45 minutes qui passe très vite. Une chose est sûre, ce soir ANNA a marqué des points.
On sent cependant que quelque chose va se passer, une frange non négligeable du public ayant fait le déplacement pour Shaârgoth. En témoignent les nombreux visages maculés de noir, marque de fabrique de Shaârgoth dont tous les membres jouent le visage et le corps peints en noir.
Signe qui ne trompe pas, il y a déjà de nombreux spectateurs qui attendent devant la scène pendant le changement de plateau.
Il est environ 22h00 lorsque les musiciens lancent les hostilités.
D’entrée de jeu, le public se montre ultra réceptif et motivé au metal moderne et industriel asséné par Shaârgoth, dont l’univers cyberpunk apocalyptique contribue à renforcer la puissance évocatrice d’une musique rageuse et froide évoquant Rammstein, les premiers Marilyn Manson, Punish Yourself et Ministry.
Musicalement, les musiciens sont parfaitement en place, mais c’est bien la scénographie du combo qui propulse le groupe dans une autre dimension : costumes, maquillages, attitude scénique outrancière, laser et même une légère pyrotechnie, tout y passe pour le plus grand plaisir de l’audience qui vibre au rythme du metal martial et électronique du groupe.
Pour conclure cette prestation de haute volée, les musiciens prennent de longues minutes pour serrer les mains des festivaliers les plus téméraires, avant de retrouver les fans conquis au stand de merchandising pour discuter avec eux et signer des autographes.
Un concert remarquable qui fait dire à de nombreux spectateurs que Shaârgoth aura été LE groupe du festival. Honnêtement, difficile de leur donner tort…
Après ce déluge d’énergie, le besoin d’une pause bien méritée se fait sentir, et la buvette fait rapidement le plein !
Et le public a raison de récupérer des forces, parce que BLACK BOMB A s’apprête à fouler les planches à son tour, et compte bien honorer son statut de tête d’affiche.
Le groupe francilien est à la fois une référence et un vétéran de la scène punk hardcore, lui qui a débuté sa carrière il y a déjà 25 ans.
Pour autant, le combo n’a rien perdu de sa hargne et de sa pugnacité avec les années, et prend le public à la gorge dès le premier morceau, les deux chanteurs éructant comme si leurs vies en dépendait.
Toujours porteurs d’un message très punk et contestataire, les vocalistes se fendent régulièrement d’interventions anti-système, la télévision, les politiques et les pollueurs en prenant copieusement pour leurs matricules.
Le public, lui, soutient le groupe comme un seul homme, et lance ses dernières forces dans des pogos, des circle pits et des walls of death furieux.
C’est sur cette note très positive que le public, après de longs applaudissements, repart doucement de la salle avec, en plus de l’intense satisfaction d’avoir retrouvé le bonheur et l’énergie des concerts, la sensation d’avoir assisté à la naissance d’un festival appelé, on l’espère, à perdurer.
Pour terminer, il est important de saluer toute l’équipe de La boite en metal qui a organisé ce festival, car les retours, tant des artistes que des festivaliers, sont unanimes : le Bridge to Hell a été un modèle d’organisation, et l’accueil réservé à chacun, artiste, bénévole, journaliste, spectateur, a été d’une qualité irréprochable.
Ensuite, merci et bravo à tous les bénévoles, impliqués et appliqués, qui n’ont compté ni leur temps ni leurs efforts pour faire de cette première édition une incontestable réussite.
Enfin, une énorme bravo et merci à tous les techniciens.
Je vous avais parlé il y a quelques temps de toutes ces personnes de l’ombre sans qui rien ne serait possible dans la culture, ces femmes et ces hommes passionnés qui ont tant souffert de l’arrêt de toute forme de spectacle vivant pendant des mois.
Et bien ils ont répondu présent, une fois encore, dans des conditions parfois rendues plus compliquées par la crise sanitaire, et ils ont travaillé avec passion et discrétion. Eux aussi méritent un peu de lumière. Merci à eux.
A vous toutes et à vous tous, bravo et merci pour ce week end métallique, et rendez-vous l’année prochaine pour la seconde édition du Bridge to Hell !
Comptez sur nous pour vous en reparler !
Vega
Un grand merci à Fabien Irgadian pour les superbes photos qui illustrent ce reportage.Vous pouvez retrouver son travail et le soutenir en suivant ce lien.