BOISSON DIVINE résonna avec succès dans de nombreuses salles de concerts avant cette funeste crise pour le monde de la musique et du métal en particulier. Le troisième album décisif comme nombre d’observateurs s’accordent à dire est en route pour devenir un classique du folk métal Français. Nous avons eu un entretien très long et instructif avec une de ses têtes pensantes

1- Bonjour les BOISSON DIVINE, alors voilà venu le temps du « fameux » troisième album, qui vous permettra peut être de faire de la concurrence à Iron Maiden? Plus sérieusement qu’en attendez-vous?

Tu as raison, le troisième album est celui de la maturité qui nous voit continuer dans un style rock abrasif qui se joue en bermuda. Le parfait chaînon manquant entre Luis Mariano et Gorgoroth avec un côté acido-glucose bien plus prononcé qui vient ajouter du piment d’Espelette dans un basilic- rock du plus bel effet bardé d’une énergie rétro-futuriste hallucinée qui réconcilie la grandiloquence de Wagner au côté brut de pomme des premiers Stones. Un voyage initiatique au cœur d’un tourbillon expérimental entre pop-psyché abstraite et dungeon-synth ambient à tendance post- progressive.

Bon et sinon on est très contents de cet album (rires). On a vraiment mis tout ce qu’on avait dedans. Les compositions sont encore plus fouillée et variés qu’auparavant tout en gardant notre identité mélodique et notre sens de l’accroche. Les paroles sont très recherchées, nous les avons fait corriger par des éminents poètes de la région. La production est superbe. Pour la première fois nous avons écouté tous les conseils de notre gourou des manettes (Patric Guiraud du WSL studio). C’était deux fois plus de boulot à tous les niveaux mais ça valait vraiment le coup. Tout est optimisé au maximum. La réception de l’album se passe vraiment au mieux et les retours/chroniques que nous avons sont dithyrambiques. On franchit vraiment un palier avec ce disque. On ne sait pas quel palier, mais on le franchit. C’est une évolution naturelle du groupe et comme à chaque nouvel album on est très surpris que les gens accrochent à ce point. Après tout, on est qu’une troupe de branleurs avec un style bâtard, le cul entre deux chaises, entre rock et metal, qui chantent dans une langue que personne ne connaît dans une région qui n’existe même pas officiellement. C’est vraiment surprenant (et gratifiant) de se voir attribuer des 20/20 ou des qualificatifs comme « meilleur groupe de folk metal Français ».

Mais que veux tu ? Il va falloir s’y faire, la Gascogne est la nouvelle terre promise des musiques électriques. Gojira et The Inspector Cluzo ont ouvert la voie et maintenant on s’engouffre. Il semblerait que la créativité soit plus stimulée dans la ruralité qu’en ville, où les gens sont intoxiqués au diesel et à la publicité. On vous le dit : l’avenir, c’est le terroir, le retour des valeurs et des régions éternelles, gardiennes d’un savoir-faire et d’une force inébranlable

2- Expliques-nous un peu pourquoi vous avez souhaité monter un groupe Occitan même si on sait que Stille Volk et Hantaoma avaient ouvert la voix?

Un petit préambule linguistique et culturel s’impose. Voici une carte des parlers Occitans.

france

Les linguistes (et les passionnés) se déchirent sur la question de savoir si l’Occitan est une langue unique subdivisée en plusieurs dialectes ou si l’Occitan est : le domaine où l’on parle LES langues d’òc. Pour ma part j’ai fait mon choix : option numéro deux.

Le terme Occitan (pour moi) désigne un concept linguistique qui vise à rassembler sous la même bannière LES langues d’òc dont la parenté est incontestable. J’adhère pleinement à cette vision.

Cependant on ne peut pas bâtir une identité uniquement en se basant sur un critère linguistique. Il faut regarder aussi du côté de l’histoire et sur ce point là il faut constater que celle de la Gascogne et très différente du reste de l’Occitanie. Jules César nous différenciait déjà des autres peuples (qu’il avait soumis depuis longtemps déjà). Nous n’avons pas du tout eu les mêmes influences au cours du temps. Nous avons été très peu celtisés par rapport aux autres, notre langue contient un substrat conséquent de Basque. Même le climat est très différent (rires).
Comme tu le vois, même si je suis forcément un peu partisan, il y a vraiment une exception culturelle Gasconne qui m’empêche d’appeler ma langue « Dialecte » ou de la désigner sous le terme générique « Occitan ». C’est comme si je te disais que tu ne parlais pas Français mais « Gallo- Roman ».

schéma

Tout cela pour dire que parler de « culture Occitane » me paraît un peu abusif, ceci dit sans animosité aucune et avec respect pour ceux qui ont une vision différente. Par contre, je vais corriger toutes les questions qui vont suivre en remplaçant par le terme adéquat (rires)

Mais revenons à nos moutons. Quand nous avons monté le groupe avec Adrian (batterie), à 14-15 ans, il n’y avait même pas de groupe. C’était juste nous deux qui jouions ensemble un heavy metal assez brut, sans vraiment nous rendre compte de ce que nous faisions. Inconsciemment, nous nous sommes orientés vers des thèmes que nous connaissions, qui rythmaient et rythment toujours notre vie quotidienne : vin, rugby, fêtes de village, armagnac, histoire locale, mythologie pyrénéenne, contes et légendes. Nous chantions au tout début en Français car il faut savoir que le langage Gascon -s’il est toujours vivant- n’est plus très usité dans notre coin. Nous ne le connaissions que très peu, bien qu’il soit partout dans les nom de rues, de familles, de villages, dans l’accent, certaines expressions et sur les lèvres des anciens. Naturellement, au fil des ans, en nous intéressant à notre culture et bien aidés par la découverte de groupes du cru (Nadau, L’Ouzoum, Hantaoma…), nous nous sommes appropriés la langue gasconne. C’était la suite logique de notre démarche, cela nous faisait tout simplement plaisir de la faire résonner sur des sonorités plus actuelles et nous avons réalisé que sa mélodicité s’adaptait parfaitement à notre style de musique. Les instruments traditionnels sont venus aussi petit à petit, toujours dans l’intérêt croissant envers la tradition.

Comme tu le vois, il n’y avait rien de vraiment prémédité. On ne s’est pas réveillés un beau jour en se disant « Tiens on va monter un groupe comme ça, on va mélanger ça avec ça et ça va donner ça, on va faire des concerts ici et là… ». Non tout est venu petit à petit, sans forcer. C’est juste le résultat de nos évolutions personnelles dans la vie.

3- Votre musique est emprunte de traditions séculaires, où allez vous chercher les idées qui vous permettrons de mettre votre musique en forme ?

Dans la vie de tous les jours pour les thèmes les plus triviaux. Pour ce qui est du volet historique, nos lectures nous nourrissent mais il faut toutefois effectuer un travail de recherche pour mettre tout cela en forme car l’histoire de notre région n’est enseignée nulle part. Au fil des albums, nous essayons de construire en quelque sorte, le « roman national Gascon », qui reste à écrire. Nous ne nous sentons pas investis d’une mission particulière, mais si nous pouvons redonner la mémoire et les clefs de leur histoire aux gens d’ici et la populariser, c’est un bon point.
Il y a beaucoup de travail à effectuer de ce côté là car l’histoire que l’on nous inculque à l’école de la république est celle de la France et au final ne nous concerne que très peu. La mémoire d’un peuple est en train de disparaître. A nous de faire ce qu’il faut pour la garder vive et de s’en inspirer pour bâtir notre futur.

gascon

Illustration : Un meme Gascon réalisé par Pereg ar Bagol

5- Sur un plan purement technique vous utiliser des instruments traditionnels dits du « passé ». Comment apprends-t-on à maîtriser ces instruments?

Et bien pour ma part, j’ai appris la boha (cornemuse Landaise) en autodidacte. Mon premier instrument était le saxophone et le doigté est similaire à la boha donc ce n’était pas très compliqué. Par contre je n’ai pas un grand niveau et je ne maîtrise pas les techniques traditionnelles de jeu de l’instrument qui donnent ce cachet ancien. J’en ai joué sur les premiers albums par défaut car on ne connaissait personne d’autre. « J’ai fait le boulot » comme on dit, mais j’ai un jeu un peu typé branleur, qui manque de vivacité…un peu trop saxophone quoi (rires). Ce n’est pas tout d’enchaîner les bonnes notes, il est bien aussi de connaître l’histoire de l’instrument et son style.

Pour « la Halha », il était clair et net que je ne toucherai aucun instrument traditionnel. En effet Pierre (boha, accordéon, clari, chant…) et Ayla (flûte, tambourin à cordes, vielle à roue, chant…) suivent depuis plusieurs années un cursus au conservatoire de musique traditionnelle de Pau qui les a amenés à un Diplôme d’état de professeur de musique. Un grade qui en impose.

Donc pendant plusieurs années ils ont étudié et pratiqué tous ces instruments anciens, ces techniques de chant, fait des représentations jusqu’à faire de la musique leur métier. Ils enseignent tous les deux à présent.

Ils s’en sont donnés à cœur joie, sur le nouvel album. De plus, depuis quelques temps, Pierre s’intéresse aux techniques de studio et ils ont été capables de s’enregistrer tous seuls à la maison. C’est le confort absolu car on peut enregistrer quand on veut et expérimenter tant qu’on veut, l’horloge et la caisse enregistreuse ne tournent pas et il y a zéro pression. Ils ont pu rajouter des choses qui n’étaient pas prévues et qui apportent beaucoup au disque.

En conclusion : quand on ne sait pas, il faut laisser faire les pros (rires). En tous cas la section traditionnelle de « La Halha » est beaucoup plus affûtée que sur les anciens albums. Cela apporte de la flamboyance dans la « rudoyance ».duo

Les tradeux en action (Sama Rock festival – Picardie)

6- Quelle est selon toi les raisons qui font que la musique sortie du fond des âges ait ce succès actuellement ?

Sans doute le besoin de se reconnecter a quelque chose de vrai, d’authentique et d’ancré. Il est vrai qu’en France les gens ont déserté massivement la campagne pour migrer en ville.densité

Il y a une espèce de pression sociale via des discours typiques de fils de putes rabâchés jusqu’à plus soif : « La campagne c’est pour les bouseux. Si tu veux un bon salaire, il te faut quitter ce trou à rats pour réussir ta vie». Résultat, les jeunes de chez nous se barrent massivement en ville depuis un siècle. Ajoutez à ça une mondialisation économique et culturelle rouleau-compresseur et vous obtenez le cocktail ultime de fin de civilisation. Les gens n’ont plus de passé, ne connaissent plus leur histoire, il y a une grosse perte de repères car la situation actuelle est inédite et tout va très vite de façon très violente.

Dans ce contexte, je ne suis pas étonné que des personnes se tournent vers des musiques plus anciennes, des savoirs ancestraux ou des métiers manuels. Quelques uns se rendent compte après plusieurs années que leur travail est insignifiant ou leur vie superficielle. Et combien de cas de types avec des bacs + 5 dans la communication ou l’économie, qui font des burnouts et se reconvertissent menuisier ou boulanger ?

Dans ce monde fou et déraciné, cela me semble sain de revenir à des choses plus terre à terre qui t’ancrent les deux pieds dans le sol, te lient à un terroir, et te donnent envie te lever le matin pour accomplir des tâches qui ont du sens. C’est le sujet de notre chanson « Libertat » qui traite d’exode rural, qui tacle cet état d’esprit général d’apologie du pognon et qui nous fait nous poser des questions essentielles. Est ce que réussir sa vie c’est forcément avoir de l’argent ? Je connais des carriéristes qui ont des comptes en banque bien remplis mais qui pour ça on sacrifié leur famille, ont divorcé trois fois, ne voient leur gosses que tous les deux week-end, sont accros au dernier degré au café/clope pour tenir le coup. Est ce que tout ceci vaut bien le coup ? Est ce que cela rend ces gens plus heureux ? La réponse est évidemment non mais une fois la machine infernale lancée il est très difficile de s’en retirer sans dommages collatéraux. Seul des signaux forts font changer les gens : une dépression, un problème de santé…Il est regrettable d’en arriver là je trouve.

Certain trouvent le salut dans la musique ancienne. Si nous pouvons les aider à prendre conscience grâce à nos chansons ce serait déjà une bien belle reconnaissance.

7- Comme je l’ai noté dans ma chronique tu as évidemment une autre activité professionnelle hormis la musique. Tu travailles la terre. Tu penses que cette activité qui t’ancre dans un attachement tellurique ait une influence sur ta musique?

Il est vrai qu’en étant viticulteur, on travaille au rythme des saisons. C’est la météo qui guide nos activités, on est totalement tributaires du temps. Il y a des périodes de travail assez intenses (les vendanges en septembre/octobre, les relevages en mai/juin qui annihilent toutes possibilités de concerts à ces moments là ahah), mais le métier est très complet et c’est ce qui est passionnant. Le matin, tu mets les bottes et un vieux t-shirt troué pour aller à la vigne, l’après-midi tu mets ta plus belle chemise pour une dégustation avec des acheteurs. Le lendemain, tu fais quelques factures sur l’ordinateur parce qu’il pleut et que bosser sous la pluie c’est chiant pour ensuite migrer au chai, soutirer les rouges parce que le sol n’a pas encore ressuyé et que ça annule ce que tu avais prévu de faire en tracteur…Voilà, il faut vraiment composer avec le temps. On travaille beaucoup avec le soleil aussi. L’hiver pour la taille on commence quand il se lève et on finit quand on y voit plus rien. L’été, sous le soleil de plomb par grand cagnard, au lieu de reprendre à 13h30 l’après-midi et de finir carbonisés, on reprend vers 16h et on profite des longues soirées d’été pour finir tard.

Cela apprend aussi l’humilité. Tu peux perdre ta récolte en quelques minutes seulement sur un coup de grêle. Tu peux être le patron mais ce n’est pas vraiment toi qui commande. Ton outil de travail est dehors, soumis aux éléments et tu sais que tu ne peux pas lutter, ça remet les pieds sur terre.

Il faut savoir bosser intelligemment, en accord avec son environnement. C’est très différent d’un boulot « classique », à 39h avec des horaires prédéfinis qui ne changent jamais et des congés à poser l’été et pour Noël. Bien sur avant de reprendre la propriété chez moi, j’ai travaillé chez d’autres pour engranger de l’expérience, avec des horaires « classiques » mais j’ai toujours fini par ressentir de la lassitude au bout d’un moment.

Donc pour répondre à la question, oui je pense que tout ceci à une influence dans le son de Boisson Divine. Certain textes sont inspirés de la vie courante et musicalement il y a un côté très structuré sur la forme mais parfois imprévisible sur le fond, ça correspond à ce mode de vie. Bien sûr le fait de passer beaucoup de temps dehors est une sacré source d’inspiration et faire des journées à la vigne laisse pas mal de temps pour réfléchir à des trucs comme : Tiens qu’est ce que je vais mettre après ce couplet ? (rires) Cela a aussi une influence sur la façon de travailler. On ne force jamais les choses. Certain morceaux prennent des années pour arriver à maturité et on se refuse à se presser pour sortir des albums. Quand c’est prêt, c’est prêt, mais pas avant. C’est la même philosophie qu’à la vigne : Il faut savoir récolter les choses à maturité (rires).

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8- Vous avez sorti des inédits pour ce dernier album. Tu peux nous expliquer ?

Les enregistrements de l’album ont été terminés fin septembre 2019. L’album est sorti fin mai 2020. Voilà, ça fait 8 mois de délai. Comme je compose régulièrement autant dire que sur un laps de temps comme ça, il y a de quoi remplir les dossiers (rires). Ce n’était pas prévu à la base mais je me suis pris de passion pour un recueil de poèmes du meilleur poète de langue Béarnaise encore en activité malgré ces 94 printemps, Alexis Arette. J’ai voulu un style plus acoustique car c’est quelque
chose de très agréable à faire et cela peut plaire à toutes les générations. Aussi c’est quelque chose de beaucoup plus facile à mixer. En effet, je ne voulais pas emmerder notre mixeur/producteur/gourou des manettes – Patric Guiraud du WSL studio – en lui rajoutant des bonus à la pelle, il aurait fondu les plombs sinon et cela aurait été bien légitime devant la somme de travail que représentait déjà la version régulière de l’album. Je les ai donc entièrement réalisés moi même (composition, enregistrement, interprétation, mixage, mastering). Cela a été un très bon exercice car pour la première fois, je me suis senti obligé d’essayer de sortir quelque chose d’écoutable et de potable, ce qui n’est pas vraiment le cas des démos réalisés pour les albums d’habitude.
J’ai mis en pratique l’expérience récemment engrangée auprès de Patric. En effet pour cet album nous avons travaillé en étroite collaboration et il a pris part au processus d’enregistrement dès le début. J’ai donc pu passer deux semaines et demi en studio avec lui sur la batterie, le chant et la basse. Pour la première fois j’ai pu le regarder placer des micros, régler des équalisations, travailler sur la disposition stéréo des pistes…plein de combines d’enregistrement et de mixage que j’aurai aimé connaître avant (rires). En effet, trois semaines avec lui ça équivaut à au moins 5 ans en autodidacte. Je repense à tout le temps que j’ai perdu à faire de la merde et a essayer des trucs sur mes logiciels alors qu’en cinq minutes j’aurai pu avoir la connaissance (rires). C’est en forgeant qu’on devient forgeron comme on dit, mais bon, si j’avais été forgeron j’aurai coulé la boîte en quelques mois à ce rythme la!
Bref, j’ai commencé par un, puis ça a fini par cinq bonus tracks. Un EP complet en fait (rires). Mes camarades ont du me stopper car ça aurait été con d’avoir plus de bonus que de titres réguliers. Il faut savoir en garder sous le coude. On est des spécialistes pour ça.

9- Parles-nous de cette tournée au Japon qui a dû être une expérience hors du commun!

Ah ça tu peux le dire : hors du commun. On nous pose cette question à chaque interview alors je suis désolé mais je vais te proposer un quasi copier/coller de notre rétrospective (rires)

Après avoir écumé la Gascogne en long, en large et en travers lors du « Gasconha estiu summer intergalactic tour 2017 », une opportunité absolument improbable et inespérée s’est présentée à nous : Une tournée de trois dates au Japon avec des grands noms du Folk Metal en tête d’affiche. Autant dire que nous n’y avons pas réfléchi à deux fois, et Dieu sait que nous ne l’avons pas regretté!
C’était la première fois que l’on quittait le territoire national et quelle expérience ce fut!
Une organisation millimétrée, des gens d’une gentillesse extraordinaire, un public très dévoué. A peine arrivés à Tokyo, on nous offrait des cadeaux et on signait des CD sans avoir joué la moindre note. Lors du concert, des personnes au premier rang chantaient les paroles en Gascon phonétique, ça secoue les tripes ! A la fin de la première journée on était déjà sur notre petit nuage. Un autre monde quoi. Le reste a été du même acabit. En bref : une expédition inoubliable!
On en retient que du positif et pour tout dire quand on est rentrés à la maison on s’est demandé si tout cela avait bien eu lieu, si ce n’était pas notre imagination qui nous avait joué des tours. Mais non, on l’a bien fait et une fois qu’on l’a réalisé, cela a entraîné une semi-dépression post-nippone. On a repensé à ces moments quand au premier soir les organisateurs nous ont conviés au restaurant avec tous les groupes pour un repas de bienvenue. Après quelques coups, comme d’habitude on s’est mis a chanter à table en mode polyphonie. C’est naturel pour nous, sur le moment on a même pas réalisés qu’on était à 12 000 kilomètres de chez nous dans une culture qu’on ne connaissait pas du tout. On ce serait cru au bar le d’Artagnan à Riscle un dimanche soir quelconque après un match de rugby (rires) Là, les mecs d’Ensiferum ce sont mis a nous filmer et tout le monde nous a applaudi à la fin de la chanson. Voilà c’est ça Boisson Divine : des moments improbables mais magiques.
(La vidéo du restaurant ici)

Mais mieux que les mots, nous vous proposons de revivre ces moments avec deux reportages qui retranscrivent à merveille l’ambiance ici.

10- A mon grand regret je n’ai pas encore vu de concerts de BOISSON DIVINE (je sais que vous êtes passés pas très loin de chez moi dans l’Ain au feu Ragnard Fest). Avez-vous l’intention de fouler de nombreuses scènes après cette disette de concerts que nous avons subis? Le bruit court que vous êtes de sacrés « afteriens »…

Et bien, on va essayer de se rattraper et de se planifier une bonne année 2022. Notre dernier concert remonte à décembre 2019, avec Soldat Louis ça commence à faire une paye !
Concernant ce bruit qui court, et bien il est possible que cela soit vrai. En effet, comme nous ne faisons qu’une dizaine de concerts par an, on a envie que chaque moment soit comme une grande réunion célébrée comme il se doit. Il est vrai que fréquemment, on finit au coin du bar à chanter de très vieilles chansons du pays, le plus souvent a cappella, descendre quelques verres de trop et finir les derniers à une heure avancée alors que les festivaliers sont déjà au lit.
C’est exactement ce qui nous est arrivé au festival Lid Ar Morrigan près de Nantes. La tête d’affiche Allemande (Finsterforst) a du annuler sa participation au festival le jour même car c’était le premier week-end de protestation des gilets jaunes et qu’ils sont restés bloqués vers la frontière avec leur van. Les organisateurs sont donc venus nous voir : « Bon, les gars, on sait que vous avez l’habitude de faire des concerts en acoustique, est ce que ça vous dérangerait pour remplacer la tête d’affiche de jouer un peu, de manière informelle, près du bar pour consoler les festivaliers? ». On a répondu que dans tous les cas on l’aurait fait (rires). Du coup, on a chanté un répertoire assez traditionnel, en choeur avec une petite guitare acoustique et un cajon pour agrémenter. Les gens sont restés deux heures au bar, les organisateurs ont bien fait leur chiffre et nous on s’en est donné à cœur joie. On a même chanté des vieilles chansons du pays Nantais avec des mecs qu’on connaissait pas, échangé des boissons locales. Quand on a décide de partir, on s’est rendu compte qu’on était les derniers et que les organisateurs avaient déjà nettoyé les trois quarts de la salle (rires) On était quelque peu découennés il faut le reconnaître.

On a aussi beaucoup chanté au festival Beermageddon vers Paris. On était le seul groupe non black metal de l’affiche mais cela ne nous a pas empêchés de faire comme d’habitude. Même si les parisiens ont des horaires à la con avec leur salles et qu’il faut qu’ils partent assez tôt pour choper le dernier métro, on en a quand même bien profité et nous étions plutôt rôtis à la sortie, il faut le dire. Nous avons fait l’erreur de prendre la voiture pour rentrer et au premier rond point, on s’est fait arrêter par les flics… L’un d’entre nous n’a pas pu y couper et a pris quelques mois de retrait de permis. Quand à l’autre conducteur (je ne citerai pas le nom d’Adrian Gilles), il est passé juste. Il a soufflé une première fois, il était à 0,02 au dessus de la limite « retrait de permis immédiat ». Il a donc entrepris de faire le tour du rond point en courant pendant un quart d’heure. Stratégie payante car il est tombé de 0,03 et ça l’a sauvé (rires). Quand aux passagers, on était en train de faire les cons avec la machine à souffler au cul du camion des policiers qui ont fini par nous griller.
Un conseil pour vos lecteurs : Évitez les Gascons, ils ont tendance à ne rien respecter !alcolo

Illustration : contrôle alcoolémie au Beermageddon festival

11- As-tu des artistes issus du passé ou du présent que les lecteurs se doivent de connaître ? Allez sors ta discographie inédite de Bézu ahaha!

Bien évidemment Bézu fait parti de la sainte trinité avec Carlos et Patrick Sébastien ! Toute personne qui se déclare musicien devrait connaître la discographie intégrale de ces géants de la folk-pop alternative sur le bout des doigts. De vrai précurseurs, des défricheurs qui ont ouvert la
voie à la fameuse NWOBFM (New wave of beauf french music). Sans eux, qui sait ce qui aurait été diffusé dans les campings et les fêtes de villages l’été ? Du Wagner, du Tchaïkovski ? Je ne peux m’imaginer un monde sombrant dans le vulgaire et le pompeux avec ces pseudos symphonies qui auraient rythmé nos barbecues merguez/chipo. Heureusement le monde fut éclairé par la lumière divine des accords majeurs et des sons de claviers majestueux de nos héros nationaux de la musique. C’était moins une !

Bon et sinon pour de vrai, je n’ai rien à vous conseiller niveau metal mais je vous recommande de vous pencher sur la musique de Marilis Orionna, une poétesse Béarnaise qui nous a aidé pour les textes de la Halha. Elle est généralement classée dans la world music, donc ça sort vraiment de la zone de confort des amateurs de metal. Néanmoins sa musique est marquée d’une grande sensibilité, les textes sont à tomber, malgré le peu d’instruments il y a une grande richesse harmonique et surtout…c’est sincère et unique. Et le guitariste est un tueur avec son jeu entre guitare classique et flamenco. Plus impressionnant que Jean-Branlette adepte du sweep-picking sur Instagram.
Je vous conseille aussi d’écouter le projet solo de notre artificier-cornemuseur Pereg Ar Bagol. Son projet se nomme Celtic Bastard et c’est axé sur la polyphonie, les instruments traditionnels, les techniques de chants mongols, les percussions guerrières… Un espace de liberté créatrice où tout est permis. Il fait les chansons qu’il veut, quand il veut, à son rythme sans pression avec pour seule motivation de progresser continuellement.

En écoute ici.

12- L’interview est déjà terminé ; c’est donc une tribune libre que je te propose pour cette conclusion…

Merci à toi pour m’avoir donné la parole. J’espère qu’avec cet interview/exposé les gens prendront plaisir à se cultiver entre deux conneries. Puisque la tribune est libre, j’aimerais remercier toutes les personnes qui nous ont aidées dans cette sacrée aventure qu’à été la genèse de La Halha :
Enregistrement de la basse : Seb Woofer
Enregistrement des voix : Tracheo Tommy
Enregistrement batterie : Jean-phil Des Pearl
Conducteur tour bus : Pereg ar Bagnole
Conducteur Orchestre piste 7 : Phil Ar Monic
Cusinière : Catering de Médicis
Prise de son : Mike Rofone
Constructeur peaux de batterie : Tom Bath
Responsable costumes scène : Josette Trouai
Apports calorifiques journaliers : Amy Choco
Production : Patric Guiraud-Broyeur Adishatz e siatz tostemps hardits !
Baptiste pour Boisson Divine.

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Kaosguards boss

Un passionné de metal complètement fou qui joue des coudes à tous les concerts.