A titre personnel, la découverte du premier album d’IN THE WOODS… (« Heart Of The Ages », 1995) fut une véritable épiphanie, à peine amoindrie lors du second choc « Omnio » (1997). Après, vents contraires et contournements divers, je n’ai reconnecté avec la discographie du groupe qu’à son sixième album, « Diversum » (cliquez ici). C’est donc avec modestie, mais aussi avec impatience, que je découvre le septième album de ce groupe toujours aussi intrigant, même si l’effet de surprise s’est de longue date évanoui.
Sans (mauvaise) surprise, le groupe évolue avec ferveur et maîtrise dans un registre exigeant, car convoquant le Metal progressif (structures à base de séquences contrastées au sein d’une même composition), le Death Metal (les vocaux caverneux ponctuels), voire le Black Metal, quoique dans des proportions minimes (quelques vocaux jappés avec aigreur et ferveur).
Histoire de solder les paramètres propres au registre vocal, il faut acter que le registre principal opère en mode clair, médium, dûment modulé. Vivaces et émotionnellement chargées, les lignes de chant constituent la poutre maîtresse de IN THE WOODS…, les incursions Death ou Black n’agissant qu’en tant qu’agents de contraste, sans aucune connotation péjorative de ma part.
Sur le versant instrumental, l’approche progressive s’impose une fois de plus, rendue d’autant plus possible par les gabarits majoritairement conséquents : outre quatre compositions entre cinq et six minutes, on compte tout de même deux pistes au-dessus de sept minutes, alors que le morceau inaugural, « The Things You Shouldn’t Know », domine les débats du haut de ses 8’32. De tels gabarits permettent à IN THE WOODS… de déployer pleinement son architecture modulaire, le fort classique dispositif à base de séquences permettant de poser des contrastes aussi francs que fructueux.
Ayant volontairement délaissé la part extrémiste de ses débuts, le groupe persiste à publier des albums plus abordables, sans toutefois se plier aux normes vulgaires et faciles. Le fait est que le chant peut exprimer des sentiments ou des humeurs variables et nuancées, la clarté entrant en confrontation fructueuse avec les inserts Black ou Death.
INTHE WOODS… déploie sa stratégie dans le cadre de compositions se situant entre cinq ou six minutes, trois morceaux perçant le plafond des six ou sept minutes (le titre inaugural, « The Things You Shouldn’t Know », atteignant même 8’32). Ce temps utile généreux se trouve pleinement employé pour créer des contrastes fructueux. A toutes fins utiles, précisons que le groupe ne cède à aucune facilité et parvient à un équilibre idéal entre, d’une part, la luminosité et l’accessibilité (chant clair, guitare solo, claviers) et, d’autre part, des apports agressifs restreints (principalement sur le plan vocal).
C’est bien ce contraste qui forge à la fois la force et la subtilité de « Otra ». Voilà un album qu’on se plaît à écouter et à réécouter encore et encore, histoire de saisir plus finement tels ou tels arrangements, telle ou telle nuance, tout en profitant pleinement d’un rendu global puissant et saisissant.
Le tour de force, pleinement accompli, consiste à proposer un Metal structurellement relativement complexes, émotionnellement plein de contrastes, demeurant tout à fait accessible, voire accrocheur. Concernant ce groupe et cet album en particulier, on peut sans souci modifier la comptine enfantine « promenons-nous dans les bois pendant que le loup n’y est pas » en une version tout aussi attractive : « promenons-nous dans les bois, pendant qu’IN THE WOODS… y est ».
Alain Lavanne
Date de sortie: 11/04/2025
Label: Prophecy productions
Style: Black Métal progressif
Note: 18/20
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