L’appel du hard rock et de toutes ses déclinaisons extrêmes a une résonance mondiale, et ceux qui y répondent sont aussi divers que l’humanité peut l’être. Un passionné de musique a décidé de consacrer divers ouvrages à ceux qui font vivre cet art de vivre si’il en est. Nous avons interrogés le « boss » de cette maison d’édition qui mérite le soutien  de la communauté et qui gagne à être connu.

1) Bonjour alors peux-tu tout d’abord te présenter ? 

Salut, je suis Emilien et j’ai créé les Editions des Flammes Noires voilà cinq ans maintenant !

2) As-tu toujours été éditeur ? 

Absolument pas ! J’ai enseigné l’anglais pendant une dizaine d’années, j’ai fais aussi de la traduction… En fait, le projet initial des Flammes Noires était d’avoir une structure pour pouvoir traduire et financer la traduction de livres autour de la musique metal. C’est vraiment en construisant le projet que l’idée de créer une maison d’éditions est née et a pris la forme qu’on lui connaît.

3) En tant qu’éditeur qu’est-ce qui t’anime et te donne envie de continuer malgré les difficultés ?

Si on arrête aux premières difficultés, on ne fait pas grand-chose en fait ! Au contraire, les difficultés restent des sources d’apprentissage, même si ce n’est jamais évident. Il y a aussi le fait que des groupes te font confiance pour leur projet, ce qui est vraiment gratifiant. Les retours des lecteurs comptent beaucoup aussi, si je n’avais que des avis négatifs, il est certain que les choses seraient bien différentes. C’est important de progresser d’un livre à l’autre, et ça aussi, c’est vraiment motivant, de voir qu’on apprend de ses erreurs et que l’on peut continuellement progresser.

4) Raconte-nous un moment marquant, une anecdote dans ton parcours d’éditeur.

Ce ne sont pas les histoires qui manquent, surtout que j’ai plusieurs casquettes, entre la traduction, le travail de mise en page, la présence en festival, l’administratif et les relations avec la banque, le comptable etc. Au tout début, les banques avaient toujours la même réflexion : « ça sait lire un metalleux ? » Le chemin à parcourir est long pour que l’on soit pris au sérieux ! Avec le recul, je pense que ça fait aussi partie du jeu, montrer que l’on n’est pas facilement désarmé face à une personne qui n’en a rien à foutre de ce qu’on a à lui proposer.

Heureusement, il en ressort beaucoup de positif, comme la discussion avec Ulver pour qu’ils signent chez moi plutôt que chez un autre éditeur. Pouvoir convaincre des groupes comme eux et discuter un peu avec des artistes cultes et voir qu’ils respectent ton travail, c’est vraiment extra et ça aussi c’est ultra motivant. Il faut savoir mettre la barre haute et se donner à fond pour parvenir à atteindre ses objectifs.

La rencontre avec des auteurs et des lecteurs est toujours gratifiante, on voit que le travail derrière est important pour eux et qu’il y a un vrai plaisir à feuilleter et lire les livres. C’est quelque chose de marquant, on se dit que les heures passées derrière chaque nouveau livre ne sont pas pour rien !

5) Parle-nous de l’histoire de la maison d’éditions. Comment a germé l’idée de créer Les Editions Des Flammes Noires ? Quelles étaient les envies et les motivations ? Pourquoi ce nom ?

L’idée de créer une structure est arrivée en 2019, quand je cherchais un éditeur pour la traduction de la biographie de Rotting Christ. Camion Blanc était intéressé mais pas dans l’immédiat car ils avaient plusieurs projets en cours et les autres éditeurs que j’avais contactés n’étaient pas intéressés par ce livre, ça ne rentrait pas assez dans leur ligne éditoriale. Je trouvais ça dommage, surtout qu’il y avait de plus en plus de livres qui sortaient : les biographies de Moonspell et Paradise Lost venaient d’être annoncées, celle de Mayhem était sortie quelques années auparavant, j’avais aussi vu passer le livre sur la scène black finlandaise… bref, il y avait de la matière ! A la rentrée scolaire 2019, le poste qu’on me proposait ne me correspondait absolument pas et j’ai profité d’avoir plusieurs années de chômage pour étudier la faisabilité d’un tel projet. Assez rapidement je me suis rendu compte qu’il y avait un vrai potentiel et qu’une demande sérieuse existait. C’en suit le parcours administratif classique pour la création d’une entreprise et tout ce qui va avec ! Le nom est venu après pas mal de réflexion. Comme je voulais que la ligne éditoriale reste ancrée dans le metal et le metal extrême, j’ai cherché des noms liés à des titres d’albums ou des chansons, mais rien ne me satisfaisait. Finalement, c’est l’illustration du feu sur l’album The Satanist de Behemoth qui m’a donné cette idée : Flammes Noires. C’est très metal comme nom et ça sonne bien, c’est très visuel aussi. Le logo a été réalisé par Daphnée Doto qui a son studio sur Bordeaux.

6) Qui travaille dans les coulisses ?

Je travaille seul pour le moment. Je laisse d’autres traducteurs s’occuper de certains livres, comme ça demande beaucoup de temps, mais le gros du travail est fait par moi.

7) On connaît le ligne directrice de la maison d’édition. J’aimerais savoir comment tu sélectionnes les ouvrages qui seront édités. Quels sont les critères de sélection ? Que doivent-ils avoir en plus ? Qu’est-ce qui est au contraire rédhibitoire ? 

Tout dépend de savoir si c’est une traduction ou une œuvre originelle. Pour une traduction, il faut que les droits ne soient pas trop élevés, sinon ça n’en vaut pas la peine. Si le sujet est bien traité et bien écrit, je peux être assez ouvert aux propositions. S’il s’agit d’une biographie d’un groupe, il faut absolument que le groupe soit aussi impliqué, sinon, cela n’est pas pertinent. En fin de compte, c’est vraiment du cas par cas et j’essaie d’accompagner du mieux que je peux les auteurs et les traducteurs.

Ce qui va être rédhibitoire est un projet mal ficelé, mal défini, qui part dans tous les sens. De même, certains me proposent des fictions mais ça ne correspond pas du tout à ma ligne éditoriale ! Pour le moment en tout cas, ça ne m’intéresse pas, il faut que ça soit ancré dans l’histoire de la musique.

8) Tu fais beaucoup de salons pour que chaque ouvrage puisse avoir sa visibilité ?

C’est vraiment un travail continu. J’essaie de faire une promotion continue de chaque livre, tant qu’il est disponible, peu importe qu’il soit sorti il y a plusieurs mois ou années. Evidemment, je laisse une plus grande place aux nouveautés, mais ce n’est pas pour autant que les autres sont mis de côté. Tout doit disparaître ! hahaha

9) Comment se passe la promotion d’un livre une fois terminé ?

Le schéma classique : réseaux sociaux, relai dans la presse et les webzines qui reçoivent un presskit et une version PDF du livre. J’essaie d’avoir des interviews aussi mais là, il y a une belle marge de progression ! Ensuite, en festival où les gens peuvent feuilleter les livres et voir un peu plus s’ils correspondent à leurs envies. Quand l’auteur est sur place ou dans le coin, on peut le faire venir aussi pour une séance de dédicace, il en va de même pour les librairies ou disquaires metal proche de chez lui.

10) En quoi ta structure se démarque-t-elle des autres maisons d’édition ?

Et bien, je pense être le seul à proposer des livres autour du metal extrême ! Au-delà de ça, je reste une toute petite structure avec une marge de manœuvre assez réduite, il en va de même pour toutes les petites maisons d’éditions… on ne peut malheureusement pas faire de miracle !

11) Quelles sont les prochaines sorties pour 2025 ? 

Il y a plusieurs projets dans les tuyaux, on va déjà recevoir les Rotting Ways To Misery, sur l’histoire du death finlandais. Je préfère attendre un peu avant de parler des autres projets, un enfer à la fois !

12) Comme tous les fans de musique tu as des groupes de prédilection. Fais-nous en une liste exhaustive et penses-tu à l’avenir les traiter peu ou prou dans tes prochains projets ?

Une liste exhaustive ? Mazette, tu n’as pas peur ! Il y a des classiques que j’affectionne particulièrement, Darkthrone en haut de la liste et un livre sur eux serait incroyable. Pour faire simple, j’écoute beaucoup de black et la scène moderne a vraiment de sacrées pépites : Mysthirming, Erc.Linf, Gaerea, White Ward, Afsky et tout ce qui peut sortir de LADLO… du death old-school (Grave et toute la scène suédoise), à quelques exceptions près (Cattle Decapitation par exemple est un groupe de death moderne que je trouve fabuleux, les derniers albums de Loudblast sont aussi excellents) et pareil pour le death mélodique à la Insomnium, Dark Tranquility et Swallow the Sun. Pour le heavy, je préfère des groupes à la Saxon ou Wytch Hazel. Les projets récents sortis chez Frozen Records font aussi facilement mouche : Gravekvlt et Sang Froid. Pour la musique plus chill, je suis obligé de mentionner Ulver et le projet de Jeff Grimal : Kesys. J’ai aussi adoré le dernier album d’Amigo the Devil, de la folk américaine, même si Everything is Fine, son album de 2018 reste loin devant.

13) Un dernier mot pour la fin ?

Merci à toi pour tes questions ! C’est toujours un plaisir de partager autour des Flammes Noires et de voir que les gens s’intéressent aux livres que l’on peut faire ! Au plaisir de te croiser en festival ou en concert !

Rendez-vous sur le site des EDITIONS DES FLAMMES NOIRES ici.

Evildead

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Kaosguards boss

Un passionné de metal complètement fou qui joue des coudes à tous les concerts.