Institué dans la seconde décennie du 21ème siècle, AVATARIUM fut initialement un énième projet du bassiste et maître d’œuvre de CANDLEMASS, Leif Edling, pour l’occasion acoquiné avec le guitariste Marcus Jidell et son épouse Jennie-Ann Smith. Avec à la clé, deux albums initiaux magiques (« Avatarium », 2013, et « The Girl With The Raven Mask », 2015), suivi par un troisième opus extrêmement solide (« Hurricanes And Halos », 2017). La qualité du Doom chanté au féminin par AVATARIUM représenta – du moins pour certains fans – une perspective d’avenir.
Cela dit, AVATARIUM demeurait un élément de l’équation de Leif Edling, lequel fut atteint par des problèmes de santé rédhibitoires. Pour rappel, depuis le début du siècle, outre les pérégrinations de CANDLEMASS avec ses chanteurs successifs et le lancement d’AVATARIUM, le bonhomme se fit fort de produire un chef d’œuvre de Doom total via le premier album de KRUX en 2002 (les deux albums suivants valant également leur pesant de plomb) mais dispersa quelque peu son inspiration. Quel intérêt fondamental réside en l’unique album – excellent en soi – du projet THE DOOMSDAY KINGDOM (2017), qui plus est réalisé avec le guitariste Marcus Jidell ?!
Une clarification s’imposait, marquée par l’album de transition que fut le très bon The Fire I Long For (2019). Le fait est que Leif Edling demeure aujourd’hui concentré sur une version de CANDLEMASS avec son chanteur originel (avec un regain de popularité du groupe en tournée, hélas proportionnel à la baisse de l’inspiration créative).
Comme délivré d’une encombrante ombre tutélaire, AVATARIUM a su trouver sa pleine indépendance, notamment via le précédent album, « Death, Where Is Your Sting » (2022, cliquez ici), franchement orienté vers un format classiquement Rock couplet-refrain.
Désormais totalement en maîtrise des processus de composition, d’écriture et de réalisation, le duo Smith-Jidell revient aux affaires avec ce qui ressemble à une double attention. D’une part préserver la lisibilité Rock du précédent opus, d’autre part renouer avec un patrimoine originel largement dépendant du Doom Metal.
De fait, « Between You God, The Devil and The Dead » pulvérise ses propres objectifs. Certes, les compositions les plus subtiles prolongent la magnifique logique de « Death, Where Is Your Sting ? ». Ainsi, « Lovers Give A Kingdom To Each Other », principalement axé sur une interaction guitare acoustique-voix, tout en ménageant un écrin pour un solo de guitare ô combien expressif. Également, le titre éponyme, qui clôt l’album sur une touche particulièrement touchante : l’essentiel de l’album s’avance en mode dépouillé, piano et voix, avec quelques touches de guitare saturée en arrangement, la section rythmique n’opérant son injection subtile que pour accompagner un délicat solo de guitare conclusif.
Les marques de subtilité (à ne pas confondre avec le pathos et le mielleux) abondent. Pour autant, « Between You God, The Devil and The Dead » marque incontestablement le retour en force du Doom et de ce qui fait la marque de fabrique depuis 1970, datge de parution du premier album sans titre d’un quartette originaire de Birmingham : le riff de guitare, épais, tranchant, lourd !
Dûment adossée à une section rythmique à la fois épaisse et souple (généreusement rehaussée par des arrangements d’orgue Hammond, si typiquement 70’s), la guitare de Marcus Jidell ne cesse de débiter des riffs titanesques, renouant ainsi pleinement avec les origines Doom du groupe. A telle enseigne qu’on ne sait où piocher un exemple, tant la riffothèque s’avère prolifique, inspirée et diversifiée. Nul doute qu’elle recevrait l’onction du saint laïc Toni Iommi de BLACK SABBATH.
Au bout du compte, AVATARIUM parvient à la fois à renouer pleinement avec ses racines Doom et à prolonger ses vecteurs de diversification. Chapeau bas !
Alain Lavanne
Date de sortie: 24/01/2025
Label: AFM records
Style: Doom Métal
Note: 18/20
Ecoutez ici