Ce quartette finlandais adepte de Doom Death existe certes depuis 2010. Pourtant, « Echoes » n’est que le troisième album du groupe, prenant la suite de « Darkness Sustains The Silence » (2014) et de « Among The Ruins » (2017) ; même en ajoutant « At The Shrine Of Light », le copieux EP trois titres initialement paru en 2012, nous ne sommes clairement pas en présence de stakhanovistes ! Fort heureusement, il s’avère que cette productivité fort relative se trouve compensée par l’efficacité et par la solidité des sept compositions ici proposées. Ne vous méprenez pas : ALTAR OF BETELGEUZE ne prétend pas révolutionner le sous-genre, seulement en présenter une interprétation toute à la fois pleinement conforme aux préceptes fondateurs et animée par une flamme tout à fait actuelle.
Ici, les mignardises, les passages acoustiques, les arrangements vocaux féminins n’ont pas droit de cité. Les riffs de guitare s’avèrent simples et austères, épais et granuleux, quoique suffisamment dessinés pour ne pas sombrer dans un magma sonore. Certes, des plans de guitare plus mélodiques, et surtout plus mélancoliques, ponctuent les rythmiques, comme autant de points de contrastes en regard du laminoir principal.
Cependant, qu’on me permette d’estimer que la véritable force motrice d’ALTAR OF BETELGEUZE réside dans son couple rythmique. S’il ne manque jamais d’assurer son puissant et lancinant office principal, à savoir marteler lourdement un tempo inexorablement lent, le batteur prend toujours d’introduire quelques variations qui injectent une variété et une animation bienvenues. Sans compter que le jeu de cymbales, bien mis en exergue par le mixage, apporte une intensité complémentaire, quoiqu’éloignée des fréquences graves. Enfin, le son global du groupe ne serait pas le même sans ces lignes de basse dantesques, tendues au possible, au rendu très métallique : le résultat sonne purement cataclysmique !
Autre illustration d’une approche moins primitive qu’il n’y paraît de prime abord : les vocaux. Incontestablement et systématiquement caverneux et rauques, ils n’en demeurent pas moins animés par de vraies variations, porteuses d’expressions, toutes extrêmes, mais variées. On ne peut que saluer cette maîtrise en matière de rudesse.
Dans les compositions, ALTAR OF BETELGEUZE privilégie les séquences rythmiques simples, écrasantes, tout en prenant soin de les varier au sein de morceaux qui ne s’étendent pas au-delà de six minutes. Il existe pourtant une exception, à savoir le titre éponyme, qui affiche une durée nettement supérieure (9’37) ; pour autant, le groupe n’en profite pas pour épater la galerie. Au contraire, nos hommes du nord en profitent pour réaliser un exercice de style ès lenteur et pesanteur particulièrement impitoyable, car d’une puissance inexorable, admirablement animée par des vocaux hantés. Cette longue avancée massive ne connaît une relative accélération que passée la huitième finale. Une fin abrupte laisse l’auditeur pantois et épuisé.
Pas de révolution, pas de prestation hors du commun : « Echoes » n’en impose pas moins par sa totale maîtrise dans la composition, la mise en son et l’interprétation. Sans compter que la sincérité et la conviction des membres du groupe irradient littéralement à chaque instant. Respect !
Alain Lavanne
Date de sortie: 22/03/2024
Autoproduction
Style: Doom Death Métal
Note: 17/20
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