Formé en 2012 à Chicago, ce quartette fait partie de cette catégorie de groupes qui pratiquent leur art avec passion et sérieux, tout en demeurant plongé dans l’ombre. « The Caliginous Serenade » constitue en effet déjà la quatrième encoche sur le tableau discographique du groupe, les trois premiers n’ayant bénéficié que de tirages confidentiels. L’avantage de découvrir ACERUS aussi tardivement réside dans le plaisir de la découverte d’un collectif parfaitement affûté, totalement en maîtrise de son projet musical. Lequel consiste à relever bien haut l’oriflamme du Heavy Metal épique, tel que défini dans les années 80, fortement dynamisé par de francs apports en provenance du Power Metal.

Détaillons les ingrédients de cette recette, certes fort classique, mais totalement convaincante et vivifiante. Commençons par les fondations, à savoir les lignes de basse tendues et agiles de Daniel Corchado (THE CHASM, actif sur l’album « Diabolical Conquest » d’INCANTATION, datant de 1998) et la batterie puissante, développant un gros volume de jeu, animée par Mario Hernandez. Non seulement le duo envoie du bois sans jamais faiblir, mais il se montre tout à fait à l’aise dans les breaks soudains et négocie à merveille les brusques changements de rythme et de tempo. Etant entendu que le tempo alterne entre du mid-tempo enlevé et des galopades échevelées.
Parfaitement calés sur un tapis rythmique aussi solide que souple, Daniel Corchado – encore lui ! – peut décocher de petits riffs secs, teigneux, lâchés en courtes rafales effilées, qui rappellent les grandes heures de Jon Schaffer (ICED EARTH). Le guitariste soliste Ed Escamilla apporte à lui seul une bonne part de l’héritage Heavy Metal, avec ses inserts mélodiques incisifs (notamment les motifs orientaux de « Prevail ») et ses solos mélodiquement construits.
Sur le plan vocal, le chanteur Esteban Julian Pena s’avère un produit miraculeux des années 80. En effet, son timbre médium, un peu voilé, parfaitement modulé, se déploie sur des lignes de chant amples et percutantes, expressives et efficaces, avec en bonus des pointes dans les aigus, ponctuelles, mais jouissives.

Si huit des neuf compositions de l’album conservent des formats plutôt concis, le groupe se lâche en clôture d’album avec les dix minutes et quelques du titre éponyme, sur lequel ACERUS déploie une dramaturgie plus théâtrale, avec davantage de contrastes subtils et d’ambiances grandioses. Loin de s’avérer fastidieux ou prétentieux, un tel exercice démontre que le groupe est capable de transcender les simples exigences d’efficacité directe propre au Heavy et au Power Metal.

Avec « The Caliginous Serenade », ACERUS se pose avec aplomb en point de convergence vertueux entre le Heavy Metal carré à la JUDAS PRIEST, le Heavy Metal plus mobile et épique à la IRON MAIDEN, de Heavy grandiloquent de WARLORD et le Power Metal ramassé d’OMEN. A l’instar de ses contemporains portugais d’IRONSWORD, ACERUS ne cède rien sur le côté musculeux et belliqueux, mais conserve des vertus mélodiques et dramatiques qui constituent une réelle plus-value.

Alain Lavanne

Date de sortie: 26/01/2024

Label: Lux Inframundis productions

Style: Power Heavy Metal épique

Note: 17/20

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Kaosguards boss

Un passionné de metal complètement fou qui joue des coudes à tous les concerts.