En ce début d’année, il est grand temps d’expier nous fautes et nos péchés, l’un d’entre eux ayant consisté à avoir manqué le dernier album en date de BLUT AUS NORD. En guise de rémission, voici un avis, certes tardif, mais totalement sincère.

Peut-être qu’une des réussites – pour le moins clivante – du projet de Vindsval, âme ô combien damnée et essentielle de BLUT AUS NORD, consiste à avoir validé l’imprévisibilité de son propos, tout en découpant – quoique de manière non systématique – sa discographie en cycles successifs. Ne peuvent déambuler dans le palais génialement bancal et malsain de BLUT AUS NORD que les amateurs de Metal extrême, tordu et évolutif (progressif et avant-gardiste, selon la norme admise communément). En somme, pour apprécier pleinement BLUT AUS NORD à ce stade de son développement, il faudrait certes aduler le Black Metal au rendu le plus rêche, à l’approche la plus agressivement directe, tout en ménageant avec son les structures les plus susceptibles d’accueillir les changements les plus subits. S’il fallait convoquer des références, on trouverait certes des noms prestigieux du Black Metal, dans son acception la plus aventureuse, ambitieuse et torturée (EMPEROR, les penchants progressifs d’ENSLAVED, un peu de MAYHEM aussi, les précoces tourments électro-industriels de SATYRICON…).

Le Metal tortueux, progressif et industriel de VOIVOD pourrait également se trouver réquisitionné, au même titre que le Death metal impérieux du jeune MORBID ANGEL. Cela étant, multiplier les références impressionnantes n’y fera rien : BLUT AUS NORD ne saurait être réduit à une formule définitive, commode et rassurante, a fortiori dépendante des Grands Anciens. Depuis sa toute première pulsion vitale et

Pour autant, chaque cycle discographique dépose son héritage sur le cycle suivant (ou le suivant encore, un peu de patience que diable !). Adepte ponctuel des débuts extrêmement abrasifs, je suis surtout tombé dans la toile de BLUT AUS NORD au gré de la – brève mais marquante – trilogie de Black progressif et disgressif, à savoir « 777 » : « 777 (Sect(s) » et « 777 The Desanctification » (tous deux datant de 2011). Par la suite, comme s’il ne voulait pas se trouver résumé à cette trilogie audacieuse et disruptive, BLUT AUS NORD retourna à un propos plus directement Black Metal.

Tout d’abord en clôturant la trilogie « Memoria Vetusta ». Initiée dans la prime discographie du projet (« Memoria Vetusta I : Fathers Of The Icy Age »), continuée en 2009 (« Memoria Vetusta II : Dialogue With The Stars »), la trilogie, typique d’un Black Metal épique et technique, fut close en 2014 avec « Memoria Vetusta III : Saturnian Poetry ». En 2017, paraissait le très intense « Deus Salutis Meæ », suivi, deux ans plus tard de « Hallucinogen », affichant ostensiblement un abord psychédélique vénéneux au possible.

Après deux albums a priori libres de toute loi des séries, BLUT AUS NORD renoua en 2022 avec l’idée de suite, en publiant « Disharmonium – Undreamable Abysses » (chronique ici), premier opus d’une série, dont on ne sait pas encore le nombre de volume. Dans l’expectative, le second volume est arrivé à la fin de l’été 2023. Nous voilà en présence d’une mixture diabolique entre l’âpreté des riffs du Black Metal, les marqueurs Death Metal féroces (comme l’énorme volume déployé par la batterie et les vocaux caverneux et hostiles), des changements de rythmes et de tempos typiques du Rock progressif, sans jamais oublier l’omniprésente touche distordue, aux relents industriels, si typiques de KILLING JOKE et de VOIVOD.

Hormis la trilogie « Hideous Dream » (soit trois brefs instrumentaux Dark Ambient de bon aloi), BLUT AUS NORD pilonne avec une brutalité débridée et une précision létale, s’adonne à une frénésie rythmique d’une précision millimétrée, sans que le climat global ne perde rien de son potentiel déstabilisant : ces riffs dissonants, ces changements rythmiques incessants…

Thématiquement relié à l’univers paranoïaque et maladif de l’écrivain H.P. Lovecraft, ce second volume de la série « Disharmonium » s’impose avec une brutalité et une virtuosité implacables.

Alain Lavanne

Date de sortie: 25/08/2023

Label: Debemur Morti productions

Style: Black Metal avant-gardiste et progressif

Note: 18,5/20

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Kaosguards boss

Un passionné de metal complètement fou qui joue des coudes à tous les concerts.