Formé en 2019, le trio norvégien KARAVAN ne fait pas dans la demi-mesure au moment de publier son tout premier album : tout ici se veut lourd, écrasant, menaçant. Voilà, c’est dit. KARAVAN combine des héritages multiples, afin de créer un cauchemar musical, oppressant et impérieux. Le relatif dépouillement du dispositif – trio oblige – fait forcément appel aux dispositifs les plus élémentaires, à savoir des tempos le plus souvent lents, des rythmiques franchement rugueuses et massives (quoique fort intelligemment animées par le jeu dynamique du batteur), riffs primitifs, vocaux gutturaux et filtrés. Bref, à l’instar d’un ELECTRIC WIZARD à ses débuts, KARAVAN semble a priori se la jouer en mode massif, primitif et hostile. L’effet global s’avère d’autant plus écrasant que les durées des sept compositions franchissent majoritairement les cinq minutes, « Mars » frôlant de peu les huit minutes et le titre éponyme franchissant le cap des neuf minutes. Fort isolé dans ce lot, seul le titre mid-tempo « Rot » – fort poétique au demeurant – affiche un faible franchissement du cap des trois minutes.

Cela dit, force est de reconnaître une capacité – certes, encore trop peu proéminente – à nuancer quelque peu le propos. De Death Doom carré et millimétré, pesant, menaçant et hostile, il sera inexorablement question au fil d’un album vindicatif, quoique fermement enraciné ; pour autant, au fil des brusques variations de rythmes et de tempos (qui rappellent invariablement et positivement le CELTIC FROST initial), les trois compères trouvent matière à diversifier quelque peu leur propos. Typiquement, le morceau introductif, « Throne » s’ouvre sur un séquence de guitare en mode Blues psychédélique, avant que n’explose une vague rythmique absolument titanesque ; laquelle se brise, pour mieux donner lieu à un développement lent et pesant (mais rythmiquement fort densément animé par le batteur), hanté par des vocaux écorchés et colériques, mixés en retrait.

Certes, KARAVAN ne redéfinit pas la densité du plomb, pas plus que la granularité du granit, mais le trio fait montre d’une maîtrise salutaire, surtout pour un premier album. Si le versant monolithique et rugueux s’avère tout à fait efficace, on ne saurait trop inciter KARAVAN à développer les inserts plus psychédéliques et mélodiques ; celles-ci constituent autant de plages contrastées qui, loin d’amoindrir la puissance de l’ensemble, crée des reliefs captivants.

Alain Lavanne

Date de sortie: 18/08/2023

Label: Evil Noise recordings / Vinyltrolden

Style: Sludge Doom Métal

Note: 15/20

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Kaosguards boss

Un passionné de metal complètement fou qui joue des coudes à tous les concerts.