Depuis quelques années maintenant, ce festival dédié aux musiques pagan et noires se déroule en région Rhodanienne. Pour mettre un coup de projecteur sur cette cohorte de passionnés, KAOSGUARDS s’est entretenu avec le géniteur du DARK MEDIEVAL FEST. Enfilez vos sandales et sortez votre épée de son fourreau pour cette bataille qui s’annonce féroce…

1- Salut à toi, nous allons commencer par ton parcours personnel. Parle-nous un peu de toi, de ton parcours ?

Et bien écoutes, j’ai commencé à mettre les pieds dans le metal à l’age de 12 ans, en 1991, mais il aura fallu attendre 2003 pour que je commence à m’investir dans la scène, d’abord en tant que chroniqueur pour la Horde Noire, et plus tard pour French Metal… Grâce à cette activité, j’ai rencontré mon 1er groupe sur Lyon, The Oath, que j’ai rejoint en tant que claviériste. En parallèle, j’ai rejoint le groupe suisse Ipsum en tant que bassiste, groupe auquel je me suis alors consacré, délaissant The Oath, afin de participer à l’écriture du 3ème album qui, malheureusement, ne verra jamais le jour… J’ai alors fait mon come-back chez The Oath au poste de bassiste et j’ai eu le plaisir d’enregistrer 3 albums avec eux et de jouer tant en France qu’à l’étranger. L’aventure s’est malheureusement terminée en 2011 et j’ai mis quelques années à m’en remettre. Suite à un déménagement, je me suis éloigné de la ville (Lyon) et des potentiels groupes intéressants, mais je me suis rapproché d’une association de la Vallée d’Azergues encore inconnue pour moi, Ternand Medieval, avec laquelle j’ai eu l’honneur d’organiser le tout 1er Dark Medieval Fest, mêlant les 2 univers que j’affectionne alors, m’assurant ainsi un équilibre me permettant d’oublier les déboires passés… Après avoir quitté Ternand Medieval avec deux autres membres pour cause de désaccord profond avec la direction de l’époque (2019), j’ai finalement créé ma propre association avec eux, Golden Stone Events : le début d’une nouvelle aventure !

2- L’association que tu as monté compte combien de membres et quelles sont leurs attributions ?

Alors nous sommes une toute petite structure ne comptant que 4 membres actifs : un bureau dont je suis président, avec deux anciens membres de Ternand Medieval aux postes de secrétaire et trésorier, et nous avons été rejoints récemment par un membre assurant tout la partie technique en lien avec le plateau… Heureusement, nous avons réussi en parallèle à nous entourer d’une bonne bande de bénévoles qui sont avec le temps devenus comme une seconde famille : une équipe de choc capable de déplacer des montagnes !

3- Comment sélectionnes-tu les groupes à l’affiche ?

Il y a bien entendu une partie des groupes qui font partie de mes groupes références, que j’écoute régulièrement, et que je contacte, mais la plupart des groupes sont sélectionnés suite à candidature, et ils sont nombreux à attendre une place sur une prochaine édition du Dark Medieval Fest ! Bien sûr, certaines candidatures sont hors sujet (hardcore, neo-metal…), et d’autres ne sont pas encore assez mures, mais pour autant, je découvre chaque année de véritables pépites que je suis ravis de pouvoir faire découvrir à notre public. C’est un positionnement un peu différent des autres festivals du genre en France, mais nos moyens actuels de nous permettant pas de prendre de grosses têtes d’affiche, c’est pour nous l’occasion rêvée de faire venir des groupes aussi rares que qualitatifs et ainsi créer la surprise ! Après, concernant la sélection finale, outre les questions de disponibilités, c’est avant tout le feeling qui va rentrer en ligne de compte… Pour être sélectionné, un groupe va devoir provoquer une émotion, mais aussi raconter une histoire : j’aime quand une formation, Française ou étrangère, nous emmène dans son monde ! Et enfin, le dernier critère, et pas des moindres, sera l’actualité : c’est toujours intéressant de permettre à un groupe de promouvoir son dernier album en date, de faire découvrir au public ses nouveaux morceaux, ou même de monter sur scène pour la première fois : rappelez-vous, le premier live de Belore s’est fait en 2022 sur la scène du Dark Medieval Fest et cette année, ils monteront sur celle du Hellfest !

4- Le fait d’être en région lyonnaise est-il selon toi un avantage ou un inconvénient géographiquement parlant ?

Clairement un avantage, les autres festivals français étant soit en région parisienne comme le Cernunnos, soit dans la région nantaise et /ou bretonne comme le Lid Ar Morrigan ou le Ar Vran. On peut aussi, de part notre situation géographique, avoir plus facilement des groupes du Sud de l’Europe, Espagne et Italie en tête, mais aussi des groupes venant d’Europe de l’Est ou d’Allemagne… Nous restons aussi à côté d’une grande ville, pas trop éloignés des axes autoroutiers et étant le seul festival du genre dans la région, nous avons réussi au fil des ans à mobiliser une bande de fidèles festivaliers que nous sommes heureux de revoir chaque année !

5- Tu peux nous parler un peu de la salle qui accueille ta date ?

Il s’agit d’une salle pluraliste située à Lamure-sur-Azergues (69), à 10 minutes de là où j’habitais avant et de là où est né le Dark Medieval Fest ! Lamure est une petite ville située en Haute Vallée d’Azergues, au cœur du Beaujolais Vert, entourée de petites montagnes et de forêts de sapins… Cette salle est idéale pour nous : la jauge est parfaitement adaptée, la scène est grande et de qualité, et nous pouvons bénéficier de grands backstages ! Il y a aussi un grand parking, et entre le parking et la salle, nous pouvons installer un marché médiéval animé avec une petite scène acoustique, le tout le long de la rivière… Bref, le cadre se prête vraiment bien à un festival Pagan, mais aussi, Lamure offre toutes les commodités nécessaires à satisfaire notre public : la gare est juste en face de la salle, il y a des distributeurs et une station service à proximité, et surtout, un camping (Le Lyzeron) est accessible à pieds ou en voiture depuis la salle ! Enfin, autre avantage et pas des moindres, nos amis de l’association EGB Sono qui fourni le matériel pour le son et les lumières du festival sont à 5 minutes, et les structures participant aux animations sont à domicile !

6- On le sait l’organisation de concerts implique des fonds qui permettent d’organiser ce genre de manifestations. La course aux subventions est ton quotidien ou préfères-tu te débrouiller seule du point de vue financier ?

La chasse aux subventions est malheureusement un travail de longue haleine et nous manquons de temps pour gérer cette partie… Peut-être que si l’association est amenée à grandir, quelqu’un pourra s’occuper de ça ! En attendant, on se débrouille par nous même ! On essaye par exemple d’entamer une discussion pour un partenariat futur avec le magasin Intermarché de Lamure… Ça n’aboutira peut-être pas pour cette édition, mais pourquoi pas en 2026, on verra ce que l’avenir nous réserve ! En attendant, l’association est désormais domiciliée à Lamure, afin de nous rapprocher de nos principaux interlocuteurs et de participer de manière plus active à la vie locale… En échange, la municipalité devrait nous aider autant que faire se peut : c’est un échange de bon procédé !

7- Justement en parlant du point de vue financier, j’ai oui dire que vous êtes repartis de plus belle malgré une édition précédente compliquée à ce niveau…

Pour être honnête, si la SACEM avait été moins gourmande, on s’en serait pas trop mal sorti, mais c’est la 2ème fois qu’ils nous plombent les comptes, une fois en 2022 alors que le festival était déficitaire, et maintenant en 2024 alors qu’on était tout juste à l’équilibre… Avec les comptes à 0, difficile de leur payer le moindre centimes et l’ampleur de nos dettes était telle que nous avons clairement envisagés de mettre la clé sous la porte et de cesser toute activité ! Mais il est des rencontres qui tiennent du miracle et quelqu’un que la « beauté » de notre festival, que l’esprit de famille qui y règne, a touché a décidé de régler nos dettes sans rien demander en retour… Enfin si, une seule chose, que le festival de s’arrête pas ! Je n’avais jamais rencontré de mécène avant et c’est ce qui a sauvé le Dark Medieval Fest cette fois… Notre mission est désormais claire : continuer à se battre jusqu’au bout pour que cette belle aventure ne s’arrête pas en si bon chemin, surtout avec les relations privilégiées que nous tissons au fil des ans avec les groupes, les bénévoles et le public !

8- AMON AMARTH au DMF, c’est pour quand? Plus sérieusement envisages-tu de faire venir à l’avenir de grosses pointures du pagan ou penses-tu que ta salle n’est pas idoine?

JAMAIS ! (rires) Comme évoqué précédemment, nos finances ne nous permettent pas pour l’instant de prendre ce risque. Et puis oui, bien sûr, certaines grosses pointures ont des exigences que nous ne pouvons pas satisfaire dans les conditions actuelles ! De plus, les autres festivals le font déjà très bien, non ? Je crois que pour l’instant, notre stature de festival underground nous convient plutôt bien : plutôt que de grandir trop vite, quitte à se brûler les ailes, nous préférons faire les choses à notre rythme, en apprenant de nos erreurs passées et en gardant ce côté convivial et, j’y reviens, familial ! Ça nous donne aussi plus de liberté quant à la programmation, et ce que certains aiment chez nous et qui est ma petite fierté, c’est le côté découvreur de talent… Quand certains viennent te remercier pour ta programmation, quand d’autres te disent prendre leurs billets sans écouter les groupes avant car ils savent qu’ils ne seront pas déçus, ça donne du baume au cœur et confirme qu’on fait bien de ne pas faire jouer Amon Amarth !

9- Penses-tu que la crise Covid a modifié le paysage du “live” en France ?

Golden Stone Events est née au début du Covid, donc on connaît bien le sujet ! (rires) Après deux années blanches pour nous (2020 et 2021), le retour à la normale en 2022 a été long et difficile, et à la reprise des concerts, on pouvait clairement dire que que le paysage de l’époque avait changé : moins de concerts, moins de public… C’était dur pour tout le monde, mais je ne pense pas qu’on puisse dire la même chose aujourd’hui ! Il y a pléthore de concerts et les gens ont l’air de se déplacer en masse, tout du moins sur les gros événements (comme dernièrement le Paganfest) qui affichent souvent complets… Ce qui plombe quelque peu le milieu actuellement, c’est plutôt l’inflation ! Les groupes sont de plus en plus chers, les prestataires et fournisseurs aussi, mais le public a toujours du mal à boucler les fins de mois… Du coup, les gens réfléchissent à 2 fois avant de prendre une place de concert, ils priorisent, et quand ils prennent un billet pour le Hellfest, ils ne peuvent pas forcément faire d’efforts auprès des petites associations. Pour autant, on se met à la place des gens et c’est pourquoi on essaye de maintenir des tarifs les plus bas possibles tant sur la billetterie que par exemple les t-shirts du festival : 26€ en prévente pour 7 groupes, je pense que c’est un tarif tout à fait compétitif !

10- Comment vois-tu l’évolution de ton association ?

J’espère pouvoir dire, pour cette 5ème édition du Dark Medievial Fest, qu’on a trouvé la recette, la bonne formule pour assurer notre avenir ! Finir à l’équilibre serait bien, mais ce qui serait génial, c’est d’enfin pouvoir faire du bénéfice, aussi minime soit-il… Cela nous permettrait d’envisager l’avenir plus sereinement et pourquoi pas d’être un peu plus ambitieux en 2026 ! Bref, ce que je nous souhaite avant tout, c’est de survivre à cette prochaine édition pour pouvoir continuer à faire découvrir d’excellentes formations venant de toute l’Europe à un public qui, espérons le, viendra chaque année de plus en plus nombreux ! Aux premiers sold-out à Lamure se posera alors vraiment la question de l’avenir du Dark Medieval Fest, mais d’ici là, le chemin reste long et semé d’embûches…

11- Quels groupes rêverais-tu d’accueillir dans tes futurs concerts ?

Ma femme adorerait accueillir Heidevolk, et quant à moi, je ne cracherais pas sur un petit Manegarm… Après, je ne cracherais pas sur des grands noms comme Cruachan ou Skyforger, voir un peu plus underground tels que Vermilia, Obtest ou Loits pour ne citer qu’eux ! Mais j’ai tellement d’autres noms en tête pour les années à venir que j’espère avoir l’opportunité de vous les faire découvrir : vous verrez, même s’ils sont plus discrets et certainement moins connus, ils ne vous laisseront pas de marbre !

12- Les festivals Pagan hexagonaux se sont multipliés ces dernières années. Es-tu en contact avec tes émules?

Je n’ai pas de contact avec le Cernunnos, mais on échange quelques mails avec le Lid Ar Morrigan, vu que Boisson Divine joue sur les deux festivals, le Ar Vran avec qui j’avais négocié la venue de nos amis de Varang Nord et Ukanose, et plus récemment avec Gérald des Acteurs de l’Ombre qui a lancé son nouveau festival appelé Rituel Noir, encore en Bretagne ! En terme de dates, on essaye de ne pas se marcher dessus… Seul le Rituel Noir tombe le même week-end que nous, et si l’événement est amené à perdurer, peut-être pourra-t-on envisager un partenariat pour faire venir des groupes plus imposants… L’avenir nous le dira !

13- Je te laisse conclure avec une carte blanche qui te permettra de faire de la promotion pour ta structure…

Tout d’abord un grand merci à toi pour ton soutien et ta fidélité au Dark Medieval Fest ! Si vous êtes amateurs de Pagan, de Folk et Black, alors rendez-vous le Samedi 3 Mai 2025 à la Salle Pluraliste de Lamure-sur-Azergues (69) à partir de 15h30. Sur place, 7 groupes exceptionnels :

Vils Gueux (medieval black-metal) dans le cadre de la release party de son 1er album, mais aussi et surtout pour leur tout 1er concert

Malepeste (black-metal) qui finalise actuellement son 3ème album

Circles ov Hell (black/ death-metal) qui sera en pleine promo de son 2ème album sorti fin 2024

Nydvind (pagan black-metal) qui sort son nouvel album courant mars 2025

Himinbjorg (pagan black-metal) qui assurera la promo de son dernier album sorti en septembre dernier

Boisson Divine (folk-metal gascon) qui finalise actuellement son tout nouvel album

Selvans (dark italian art) qui présentera son dernier album sorti fin janvier avant de tirer sa révérence (une des dernières opportunités de voir le groupe en France)

En parallèle, vous pourrez arpenter les allées du marché à partir de 12h : food-truck, taverne, 30 artisans (forge, cuir, bois, sculpture, illustration, livres, boissons, bijoux, déco…), 2 tatoueurs viking (handpoke avec Griffe du Nord et dermo avec Norsink) et pas moins de 3 compagnie médiévales :

Les Pérégrins d’Ycelieu : campement, jonglage, feu…

Les Lam(h)es du Val d’Azergues : démonstration de combat, escrime médiévale…

Les Compagnons Médiévistes d’Azergues : initiation à la calligraphie, à l’haubergerie et au combat (baton).

Et cette année, un invité exceptionnel sur le marché : Claudio Alcara (guitariste et fondateur du groupe de black-metal italien Frostmoon Eclipse) et son projet de dark-folk appelé STROSZEK !

On compte sur votre mobilisation pour conforter le Dark Medieval Fest à sa place de rendez-vous annuel entre amis, mais aussi pour toute la famille (gratuit pour les moins de 12 ans). Et comme la trésorerie est le nerf de la guerre, n’hésitez pas à prendre vos places dès à présent sur Helloasso au prix de 26€ contre 30€ sur place le jour du festival !

Pour finir, n’oubliez pas une chose : malgré tout nos efforts, c’est bien vous, public, qui faites vivre cette scène ! Alors quoi qu’il advienne, on se doit de vous dire tout simplement : MERCI !

Interview faite par Evildead

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Kaosguards boss

Un passionné de metal complètement fou qui joue des coudes à tous les concerts.