Non seulement le quintette biélorusse a opté pour la pratique des formats austères et longs, si caractéristiques du Funeral Doom, même il semble affectionner tout particulièrement les titres d’albums également interminables ! Jugez plutôt : après « A Step into the Waters of Forgetfulness » (2014) et « Among the Lightened Skies the Voidness Flashed » (2017), nous voilà confrontés à « Along the Meandering Ordeals, Reshape the Pivot of Harmony ». S’il existait une catégorie « titres d’albums » au Scrabble, WOE UNTO ME gagnerait la compétition haut la main !

Hormis cette caractéristique frappante mais somme toute secondaire, le Funeral Doom développé par WOE UNTO ME s’avère particulièrement accessible, ce qui n’est pas évident dans un sous-genre où les groupes s’ingénient à ressembler à d’imperturbables falaises granitiques, hantées de quelques notes de synthétiseur et, plus inquiétant, par des vocaux totalement caverneux et inarticulés. Quasiment rien de tout ceci dans le cas présent. En premier lieu, il faut saluer le son général limpide, qui permet une exposition judicieuse et équilibrée de chaque ingrédient, tant vocal qu’instrumental. Ensuite, au niveau des compositions, certes WOE UNTO ME ne déroge guère à une lenteur inexorable quant au tempo ; certes encore, les deux guitaristes affectionnent les riffs monumentaux ; certes, enfin, certains vocaux sentent très fort la trachéite éructée péniblement depuis le fin fond d’une caverne.

Mais chacun de ces éléments primitifs se trouvent concurrencés, ou plutôt rehaussés par des éléments plus nettement dessinés, voire carrément plus mélodiques. Ainsi, nombreux sont les riffs, certes pesants, mais très distinctement appuyés et détourés, qui plus est souvent hantés par ces mélodies si mélancoliques (à défaut de pouvoir prétendre à une quelconque nouveauté). Et puis l’emploi d’un claviériste à plein temps permet de napper l’ensemble rythmique de nappes éthérées, aux sonorités certes datées (évocatrices du début des années 80’s), lesquelles ajoutent un rendu gothico-mélodique pas forcément courant dans le Funeral Doom. On retrouve même ponctuellement des arrangements de cordes (ou se voulant tels) qui, immanquablement invoquent les mânes d’un MY DYING BRIDE débutant (en nettement moins sombre et tortueux).
Enfin, les vocaux ne se cantonnent à un ânonnement inarticulé et invraisemblablement rauque. Tout en demeurant rauques, ces mêmes vocalises se trouvent ponctuellement animées de pulsions colériques expressives, relativement dynamiques. A d’autres moments, une voix claire et torturée, mélodiquement modulée, sait se faire entendre.

Rien de révolutionnaire, rien de disruptif donc sur ce troisième album, qui propose néanmoins une intéressant exercice d’équilibre entre Funeral Doom, Doom Death et Death gothique. Pourquoi bouder ?

Alain Lavanne

Date de sortie: 24/03/2023

Label: M-Theory Audio

Style: Funeral Doom Metal

Note: 15/20

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Kaosguards boss

Un passionné de metal complètement fou qui joue des coudes à tous les concerts.