Originaires de Porto, les deux compères qui ont constitué OAK en 2018 publient leur second album, après « Lone » (paru chez Transcending Obscurity records en 2019). Si leur premier opus comportait trois titres (sur un total de quatre) aux durées imposantes, les comparses se surpassent dans le cas présent, puisque ce second album ne comporte qu’un seul morceau éponyme, pour une durée totale excédant 44 minutes. On a ostensiblement affaire à du costaud, du robuste, mais également à de l’ambitieux. D’autant plus qu’OAK ne pratique pas de Rock progressif, genre friand de durées imposantes, mais bien un Funeral Doom Death Metal sans concession.
Une telle durée transforme immanquablement « Disintegrate » en montagne imposante, qu’il va falloir gravir et dompter ; autant dire que l’auditeur se trouve de facto en position d’infériorité. Cela dit, des écoutes intégrales successives permettent de constater qu’OAK ne respecte pas à la lettre les tables de la loi du Funeral Doom, en prenant notamment soin de laisser des espaces au Doom Death Metal. Une distinction qui pourrait paraître snob ou superfétatoire, mais qui a son importance. En effet, le Funeral Doom se caractérise par la lenteur inexorable du tempo, par l’épaisseur colossale des riffs, par la lourdeur marmoréenne des rythmiques. Toutes caractéristiques qui sont ici fort bien représentées, mais qui n’imposent, in fine, aucun monopole. A contrario, deux autres caractéristiques – quoique non obligatoires – du Funeral Doom s’épanouissent également sur « Disintegrate » : les vocaux caverneux au possible et les arrangements atmosphériques.
Seulement, ce morceau colossal se trouve taraudé par des tendances plus diversifiées, quoique toutes obscures et réservées aux initiés. La première constitue ostensiblement une tendance à la fois progressive et Ambient. Nombreuses sont les plages dépouillées, porteuses de mélodies précaires et étirées, porteuses d’une mélancolie rêveuse, voire cotonneuse. Certes, tôt ou tard, les lentes et épaisses reptations Doom Death reprennent le dessus, mais jamais ce versant fortement contrasté ne se trouve réduit à de simples arrangements en arrière fond.
Par ailleurs, même si la lenteur demeure de loin l’allure la plus pratiquée, quelques accélérations non négligeables sonnent des charges vigoureuses, qui constituent autant de pics de contrastes avec la désolation ambiante, toute de morbidité et de résignation.
Même le registre vocal se fait plus varié qu’à l’accoutumée, oscillant entre un registre caverneux, pesamment articulé, et des intonations plus dynamiques et agressives, voire haineuses. Des variations qui comptent, au vu de la durée de l’unique composition. En toute honnêteté, OAK ne révolutionne aucunement ni le Funeral Doom, ni le Doom Death, mais se montre à la hauteur du défi qui consiste à animer efficacement un morceau aussi imposant.
Alain Lavanne
Date de sortie: 10/02/2023
Label: Season of Mist
Style: Funeral Doom Death Métal
Note: 16/20
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