Originaires d’Indianapolis, les cinq membres de VEILCASTE ne sont pas à proprement parler des perdreaux de l’année, puisque le groupe existe depuis 2010, bien qu’évoluant sous le nom de CONJURER jusqu’en 2020. C’est d’ailleurs sous ce premier nom que parurent deux albums, Old World Ritual (2015) et Sigils ; précisons que ces deux albums sont désormais disponibles sous l’étiquette VEILCASTE. Leur succède donc enfin un nouvel album, « Precipice ». Conceptuellement, « Sigils » traitait de la pratique magique qui tourne mal ; « Precipice » semble privilégier le versant réussi d’une telle pratique.

Ce qui peut expliquer que le Sludge Doom Metal pratiqué par VEILCASTE, pour rugueux, lourd et lent qu’il soit, dégage paradoxalement un rayonnement transcendental, là où trop de formations de ce sous-genre s’efforcent d’occuper tout espace, d’éteindre toute lumière, d’asphyxier toute atmosphère. Ne nous y trompons pas, VEILCASTE ne monte pas au front la fleur au fusil : le batteur Chris CRUZ balise sèchement et lourdement le terrain, le bassiste Gabe WHITCOMB débite des lignes grondantes, tandis que les deux guitaristes, Brian WYRICK et John RAU, usinent à la chaîne des riffs simples et grondants. De surcroît, le vocaliste Dustin MENDEL (secondé par John RAU) délivre une performance gutturale, douloureuse, torturée, particulièrement expressif et animé !

D’où vient alors cette sensation que VEILCASTE ne s’enferme ni dans un exercice de style, ni dans une surenchère ? En premier lieu, on peut évoquer la limpidité du mixage ; si la prise de son demeure singulièrement rugueuse, l’équilibre de chaque composante rend l’appréhension de l’ensemble presqu’évidente, sans que VEILCASTE ait le moins du monde à sacrifier son extrémisme fondamental. Ensuite, même si les vocaux demeurent inquiétants sur la longueur, ils s’avèrent articulés, parfois plus plaintifs qu’agressifs, ponctuellement moins rauques. Enfin, les guitaristes lâchent de temps à autres des plans simples et mélodiques, lesquels entrent en contraste bénéfique avec la majorité de leur travail de terrassement.

Voilà comment une bonne production et un mixage intelligent, ainsi que quelques arrangements vocaux et instrumentaux, font sortir un album de Sludge Doom du lot. A l’arrivée, cet album peut séduire tout à la fois les fans de Sludge maladif à la EYEHATEGOD, de Stoner Doom à la UFOMAMMUT ou YOB, voire de Post Hardcore à la NEUROSIS. Pas mal, non ?

Alain Lavanne

Date de sortie: 10/02/2023

Label: Wise Blood records

Style: Doom/Sludge Métal

Note: 16/20

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Kaosguards boss

Un passionné de metal complètement fou qui joue des coudes à tous les concerts.