Il est sidérant de constater le nombre de groupes de Death Metal qui portent ou ont porté le nom de CREMATION ! En l’occurrence, le CREMATION dont nous allons parler est implanté en Suisse et n’est pas à proprement parler un perdreau de l’année, puisque le quintette fut fondé en 1992, que son premier album, « Ignis », fut publié en 1999 et que « Where The Blood Flows Down The Mountains » est son cinquième album. Des vétérans donc, bien qu’assez peu prolifiques (aucun jugement de valeur, les amis !). En tout cas des adeptes du classicisme des origines du Death Metal…

… et cette remarque ne vaut pas condamnation. En somme, CREMATION se montre on ne peut plus fidèle aux exigences d’épaisseur rythmique, de riffs laminants, d’accélérations sévères, de vocaux gutturaux et, d’une manière générale, de brutalité totale. Pour quelqu’un qui, comme votre serviteur, a assisté à l’émergence du Death Metal au cours des années 90, un tel exercice de style ne présente inévitablement guère de surprises. Mais quel plaisir masochiste de subir un tel tabassage, exécuté dans les règles de l’art. Entre quatre et six minutes, voilà la durée que s’octroie CREMATION pour vous dérouiller la gueule. Pour cela, le procédé de base est connu et repose évidemment sur une section rythmique tueuse. Véritable régulateur du trafic, solidement calé sur sa double grosse caisse, le batteur Ramon Haenni s’ingénie à multiplier les changements de rythmes et de tempos, avec une régularité sèche qui contraste avec sa versatilité. Totalement en phase avec cette activité intense, le bassiste Thomas Furrer n’a de cesse d’injecter une nervosité sèche avec ses lignes métalliques et agiles. Les deux guitaristes – Marco Bartalozzi et Roger – alternent les riffs crépitants, au rendu rugueux, et les inserts de duettistes plus mélodiques. Concernant cette dernière particularité, nous sommes bien d’accord que l’on parle ici de schémas certes accrocheurs, quoique très simples, voire schématiques, assez typiques de la New Wave Of British Heavy Metal (largement repris depuis dans l’ensemble des déclinaisons de l’univers Metal).
Quant au chanteur Serge, il exerce avec un sens de l’engagement on ne peut plus louable son sacerdoce de brutalité en privilégiant une approche caverneuse (mais suffisamment articulée pour demeurer dynamique et percutante), avec un résultat expressif et totalement impactant.

Cerise sur le gâteau, CREMATION fait montre in extremis de sa capacité à varier son répertoire, notamment via ses deux titres conclusifs, dont les durées -et ce n’est pas innocent – atteignent les scores les plus conséquents de l’album. Avec 6’49, Bloodrill représente une authentique démonstration de Death Metal mid-tempo absolument ravageur, avec des variations d’intensité entretenues grâce à des breaks expressifs. Du haut de ses 7’36 (point culminant de l’album), l’instrumental … And The Rivers Turn Red, privilégie ostensiblement une approche relevant davantage du Doom Metal, depuis une introduction majestueuse et lente, jusqu’à de longs et sinueux développements.

Avec un résultat global aussi efficace, voire évolutif, nous ne pouvons qu’inviter le CREMATION suisse à se montrer plus prolifique, afin de de pouvoir constater sa capacité à combiner une authentique fidélité à la tradition Death Metal originelle (l’esprit batailleur de BOLT THROWER, l’audace de DEATH, l’âpreté nette et acide de DISMEMBER) et une capacité à l’emmener vers des terres légitimement plus diversifiées. A suivre… si possible avant un autre cycle de cinq ans !

Alain Lavanne

Date de sortie: 16/12/2022

Label: Czar Of Crickets

Style: Death Métal

Note: 16/20

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Kaosguards boss

Un passionné de metal complètement fou qui joue des coudes à tous les concerts.