Le fait est qu’on évolue ici dans un périmètre purement et strictement underground. BORBOROPSIS est un quartette implanté dans l’Ohio, formé par des musiciens passés par une palanquée de groupes obscurs. En somme, BORBOROPSIS (c’est l’appellation savante d’une sorte de mouche qui sévit dans l’hémisphère nord, que ce soit en Europe ou en Amérique) se fait fort de renouer avec l’esprit pionnier propre aux années 90, qui virent l’émergence et l’hybridation du Death Metal, du Doom Death et autres.

Le fait est qu’à l’écoute des trois titres de cet EP qui fait office de carte de visite, l’auditeur consubstantiel aux années 2020 ne peut que se trouver désarçonné. En effet, on retrouve ici la prééminence de rythmiques épaisses, pesantes, rêches, typiques du Death Metal originel. Pour autant, BORBOROPSIS ne prétend en aucune manière singer les précurseurs, afin de se restreindre à des formules anciennes, et affiche des ambitions qui, chronologiquement parlant, ne se développèrent qu’ultérieurement. En termes de compagnonnage, le groupe semble s’évertuer à ressusciter de manière dynamique et personnelle le Death Metal évolutif des années 90, avec ses versants abrupts, mais aussi avec sa complexité rythmique intrinsèque.
Très honnêtement, sans qu’on puisse précisément réduire en quelques termes bien balisés la formule proposée par BORBOROPSIS, force est de constater que, plutôt que d’avant-garde franche et assumée à la mode décennie 2020, il est ici question d’une revivification fructueuse d’une tendance évolutive, propre au Death Metal. A savoir cette exploration d’un matériau Death Metal : vocaux caverneux, structures alternant précipitations frénétiques et séquences très pesantes, voire franchement lentes, asphyxie rythmique due, notamment, à une injection volontaire de prurits extrémistes.

Pour le côté brutal et inamical, BORBOROPSIS se trouve donc fort convenablement pourvu. Reste à aborder la tendance plus aventureuse. Sur le plan rythmique, les structures des compositions fourmillent de breaks incessants, de changements de rythmes et de tempos. Ne serait-ce qu’en matière de tempos, le groupe peut tout aussi bien s’adonner à des cavalcades franchement frénétiques que se faire un malin plaisir à dérouler des rythmiques de plomb ou des riffs dissonants avec une lenteur écrasante, propre au Doom extrême. Il faut dire que, pour au moins deux compositions sur trois, le combo a opté pour des grands formats, avec des durées respectives de plus de huit et dix minutes. De quoi multiplier les séquences et les variations, avec une mention spéciale pour le batteur, générateur d’une activité incessante.

Au final, on découvre un groupe ambitieux, adepte d’un son rêche, tout autant qu’une complexité parfois étouffante. Quand le groupe abordera l’enregistrement d’un album complet, on ne saurait trop lui conseiller de ne pas oublier les plages plus paisibles, comme celle, magnifique, qui conclue l’imposant « Decortication |Delirium ». On attend la suite avec curiosité.

Alain Lavanne

Date de sortie: 20/08/2021

Label: Solitude Productions

Style: Doom Death Métal avant-gardiste

Note: 15/20

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Kaosguards boss

Un passionné de metal complètement fou qui joue des coudes à tous les concerts.