Après un hiatus long de sept ans, le projet américain ISOLANT refait parler de lui, quand bien même il s’agit d’un format (cassette) et d’une durée (moins d’une demi-heure) peu banals.
Le format – six titres pour une durée totale de 27’ – peut bien demeurer ramassé, il n’en produit pas mois un effet certain. Il faut bien admettre que demeurer dans des formats ramassés (entre trois et six minutes) permet de préserver un souci d’efficacité indéniable. La formule de base demeure redoutablement primaire et puissante : une scansion rythmique sèche et carrée, des riffs rêches et secs, des vocaux écorchés et caverneux. Soit d’une part, une solide implantation en matière de Metal industriel, d’une autre part une compréhension efficace du Doom Death Metal. Certes, ISOLANT prodigue une dose appréciable de riffs goudronneux, de tempos lents, avec l’apport vocal grondant et caverneux adéquat.
Certes, on peut évoquer EVOKEN, THERGOTHON, DISEMBOLWELMENT, ESOTERIC et autres adeptes du Funeral Doom à tendance psychédélique, mais il faut rendre hommage à la volonté d’ISOLANT de produire un son qui lui soit propre. Secs, dissonants et rêches, alignés de manière répétitive, les riffs défilent de manière obsédante, strictement ponctués par une batterie programmée, aux sonorités particulièrement rêches et cinglantes. Par de souci, on évolue dans une ambiance industrielle, déshumanisée, presque martiale.
Histoire d’en rajouter dans la claustrophobie ambiante, les vocaux se font caverneux, lancinants et maladifs, enfouis dans le mixage. En ressort très nettement des sensations maladives et agressives.
Fort heureusement, ISOLANT prend soin de créer quelques points de contrastes par rapport à ce dispositif lourd, lent et hostile. Assez classiquement, la guitare lâche ponctuellement quelques notes qui finissent par former de maigres filets mélodiques, exhalant une mélancolie poignante. Surtout, des plages plus Ambient apportent de-ci, de-là plus de profondeur, ainsi que des sonorités plus variées : en témoignent le final au piano de « Death Pulse », l’introduction hypnotique et progressive de « Drown In Ash », l’intégralité de l’instrumental Lamentation… Indéniablement, ce versant d’ISOLANT me paraît offrir des pistes d’évolution nombreuses et fructueuses.
En attendant un album à part entière, ne boudons pas ce format relativement bref, mais intense, à la croisée de l’âpreté asphyxiante du début des SWANS, de l’Indus implacable de SCORN et des pesanteurs obsédantes Funeral d’ESOTERIC.
Alain Lavanne
Date de sortie: 24/02/2023
Label: Sentient Ruin Laboratories
Style: Industrial Death Doom Métal
Note: 16/20
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