Bon, je ne vais pas mentir : je n’ai jamais été féru de Metalcore, de Deathcore et tutti quanti. Seulement voilà, les hasards des envois promotionnels ont fait que le nouveau EP six titres du combo francilien AS THEY BURN m’arrive sur les endosses. Après tout, pourquoi pas ? D’autant plus que je n’avais rien suivi de la première partie de carrière du groupe. Rappel factuel : AS THEY BURN a vu le jour en 2007 et avait ouvert son compteur discographique avec (déjà) un EP six titres, « A New Aera For Our Plagues ». Après un premier album en 2011, « Aeon’s War », les choses avaient changé de dimension en 2013 avec la signature sur le label allemand réputé Lifeforce records, dont le catalogue peut s’enorgueillir d’accueillir ou d’avoir accueilli TRIVIUM, CALIBAN, BETWEEN THE BURIED AND ME, HEAVEN SHALL BURN, OMNIUM GATHERUM, NIGHTRAGE, les compatriotes de DESTINITY et ASHAVER : une bien belle compagnie de brutes, en réalité ! A la clé, l’album « Will, Love, Life », des ouvertures à l’international… et une fin d’activité en 2015 ! Frustrant…

Pourtant, 2022 voit le quartette remettre le couvert, sur scène, via deux singles et enfin via « Ego Death » (et son visuel en forme d’épitaphe). Premier élément à signaler : l’énormité du son ! De bout en bout, l’auditeur est collé au mur. Si la prise de son demeure suffisamment vibrante pour contourner l’obstacle du son clinique, le mixage se charge d’organiser une sacrée mêlée, dans laquelle se trouvent justement exposés des éléments très intenses, mais aussi souvent très contrastés. Une gageure…

Donc, vous vous prenez pleine face des riffs malsains, tordus et venimeux (Luigi Marletta au service), littéralement propulsés par des lignes de basse au taquet, tendues, épaisses, menaçantes (merci à Ronald Pastor). Quant au batteur Milton Bakech, il pose comme point de repère sévère et laconique sa frappe de caisse claire qui, appliquée à vos gencives, vous éparpillerait les chicots tous azimuts ; cependant, autour de cet ancrage primaire, le bonhomme développe des motifs plus complexes, plus subtils, que ce soit avec sa grosse caisse ou ses cymbales. D’ailleurs, puisqu’on parle de subtilité, il faut souligner que le guitariste ne se contente pas de balancer des poutres en béton armé ; il sait sonner tour à tour grinçant, voire carrément dissonant (l’ombre du Post Hardcore plane), mais aussi mélodique en diable.

Au niveau des vocaux de Kévin Traoré, on entre carrément dans une dimension alternative. En effet, le gars peut vous sortir des vocaux caverneux (de type Death Metal), rageurs et écorchés (de type Hardcore), mais il se montre tout à fait à l’aise en registre clair, apaisé et riche en variations. Un véritable festival, dont on peine à croire qu’il se produit dans la gorge d’un seul individu.

Des contrastes existent donc chez AS THEY BURN. Seulement, tout entier à son souci d’intensité maximale, le combo a tendance à majoritairement agencer ces éléments différenciés dans une confrontation franche, dans une juxtaposition étourdissante, plutôt que dans une logique de séquences successives. L’effet de suffocation est garanti. Il n’empêche que je ne peux pas m’empêcher de préférer les deux derniers titres, « Ego Death » et « Angel », qui procède de manière plus ambiancée, avec un agencement plus net des contrastes. Libre au groupe de choisir sa voie pour un prochain album, mais j’avoue que cette tendance, qui traduit la puissance de manière plus contournée, me plaît particulièrement. A suivre…

Alain Lavanne

Date de sortie: 10/11/2022

Autoproduction

Style: Métalcore

Note: 17/20

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Kaosguards boss

Un passionné de metal complètement fou qui joue des coudes à tous les concerts.