MALIGNANT AURA est un quintette australien formé en 2018 et « Abysmal Misfortune Is Draped On Me » est son tout premier album. Ce groupe récent a fait le choix de s’adonner à un sous-genre déjà ancien, dont le champ a été labouré de toutes les manières possibles, en long, en large et en travers. Pas évident a priori d’apposer sa marque en la matière… C’est pourtant ce que parvient à réaliser MALIGNANT AURA en lâchant sur le champ de bataille six compositions copieux : minimum huit minutes au compteur pour cinq d’entre elles, plus de dix minutes pour la dominante de la horde, « Soliloquy Beneath The Sepulchre ». Autant dire que, s’agissant de Doom Death déployé dans un cadre aussi vaste, il y a de fortes chances pour que l’auditeur finisse par s’emmerder copieusement.

Or, le groupe déjoue les pièges en adoptant des principes relativement simples. Le premier que voici : quand ça doit être lent et lourd, il faut que ça écrase franchement. Le second que voilà : quand ça doit charger, il faut y aller tête baissée, casque en avant et on vise les tripes de l’adversaire. Effectivement, dans son versant Doom, des riffs de plomb, sortis d’un cauchemar primitif, s’écrasent sur des lignes de basse telluriques, le tout sévèrement pilonné par un batteur qui sait se montrer impitoyablement laconique. L’impression de subir l’écrasement de la part des éléphants de combat carthaginois à la bataille du Macar (merci à Gustave Flaubert !). Afin d’éviter que ces rythmiques d’airain ne se transforment en mornes murailles uniformes, il se trouve toujours l’un des deux guitaristes pour décocher ces fort classiques, mais ô combien efficaces, mélodies tordues et mélancoliques.

Quant au versant Death Metal, MALIGNANT AURA aligne évidemment un vocaliste très à l’aise dans un registre guttural et caverneux, quoique modulé et expressif. Là où trop de groupes de Doom Death se contentent dorénavant de cet adjuvant ostensiblement marqueur de Death Metal, le quintette se fait un point d’honneur de proposer d’authentiques séquences belliqueuses et épaisses, littéralement propulsées par la double grosse caisse d’un batteur versatile et surpuissant. Et je peux vous garantir que MALIGNANT AURA n’amuse pas le terrain dans ces circonstances : l’auditeur se sent disparaître sous les chenilles d’un char Tigre II, soit 70 tonnes lancées plein fer, avec option d’un petit coup de canon 88mm au passage et nettoyage des espaces inter-dentaires à la mitrailleuse de 7’92mm. Dans les deux cas, le groupe a recours à des dispositifs complètement connus et rôdés, mais il faut bien admettre qu’il fait montre d’une efficacité optimale , ainsi que d’un talent certain pour proposer des riffs de brutes, tour à tour particulièrement tranchants ou mal équarris : un délice masochiste pour les connaisseurs !

Ultime facteur pour que les deux facettes du Death Doom pratiqué par MALIGNANT AURA fonctionnent pleinement : la gestion intelligente de la cohabitation entre les deux univers. Et, en la matière, force est de constater que les planètes sont alignées : composition, arrangements, production, mixage, interprétation, tout ceci concoure à combiner au mieux des éléments par nature contrastés. En résulte un album tour à tour lent et lourd, déprimant et agressif, vindicatif et accrocheur. Une franche réussite en résumé !

Alain Lavanne

Date de sortie: 30/05/2022

Label: Bitter Loss records

Style: Death Doom Métal

Note: 17/20

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Kaosguards boss

Un passionné de metal complètement fou qui joue des coudes à tous les concerts.