Avant d’en venir à l’essentiel – la musique, bien sûr ! -, qu’on veuille bien me permettre de souligner que le Metal, c’est aussi une question d’image. Dans les années 80, quand internet n’existait pas, je ne compte plus le nombre d’albums que j’ai acheté en me basant sur la pochette. Sur la foi de la pochette du premier album des Allemands de POWERTRYP, je dois bien avouer que j’aurais passé mon chemin. Et c’eut été dommage car, sans être en aucun cas révolutionnaire ou essentiel, cet album respire littéralement l’amour du Heavy Metal et de sa déclinaison Power Metal.

Même si POWERTRYP ne revendique pas particulièrement une démarche passéiste et rétro, force est de constater que son corpus d’influences converge fortement vers les années 80. A la base de tout, on trouve évidemment le Heavy Metal simple, carré, tranchant mais élégant et mélodique, dans la veine de JUDAS PRIEST. Le goût pour la concision, la nervosité et les joutes gémellaires des guitares conduit directement à la NWOBHM, quelques passages épiques, avec des lignes de basse nerveuses et galopantes (par exemple sur « Here’s Control »), évoquent quelque peu le jeune IRON MAIDEN, ainsi que sa descendance Speed et Power Metal. C’est ainsi que les compositions concises et solidement charpentées peuvent successivement évoquer MALICE, SCANNER, HEAVEN’S GATE, JAG PANZER, ARMORED SAINT, GRIFFIN, OMEN et consorts.

Du Metal carré, frondeur, accrocheur, parfois rapide, toujours soucieux de mélodie. A noter que la grande majorité des compositions affichent des durées entre plus de trois et moins de six minutes, avec à la clé un souci permanent de l’efficacité à l’impact. Cela dit, quand POWERTRYP s’aventure dans un format plus conséquent avec les 8’45 de « Out Of Ashes », on découvre un potentiel plus complexe, plus chargé en dramaturgie, avec une succession de séquences qui s’imbriquent les unes dans les autres : une longue introduction qui monte lentement et simplement en puissance (couple basse-batterie sec et tendu, rejoint par des guitares miaulantes et subtiles), long plateau hypnotique et tendu, en mode mid-tempo, avec chant contrôlé et modulé et brillantes percées de guitare solo. Au bout de sept minutes, le tempo s’accélère sur fond de riffs teigneux et de solos de guitare incisifs, avant un final chanté plus emphatique.

Avant tout porté sur l’efficacité, tant rythmique que mélodique, « Midnight Marauder » comporte quelques pointes distinctives, à commencer par le chant. Parfaitement modulées dans un registre médium, les lignes de chant prodiguées par Johannes Korda peuvent monter dans les aigus de manière raisonnable. Combinée à l’élégance des guitares en configuration solo, cette classe vocale ajoute une filiation avec le Hard Rock chromé d’un UFO (dans l’esprit plus que dans la lettre). Ce qui aboutit à un album efficace et attractif, dans lequel on devine un potentiel plus complexe, plus personnel. Vivement la suite !

Alain Lavanne

Date de sortie: 01/02/2022

Label: Rafchild Records

Style: Heavy Power Metal

Note: 15/20

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Kaosguards boss

Un passionné de metal complètement fou qui joue des coudes à tous les concerts.